Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/108

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tions. C’est une doctrine reconnue, que le riche ne pourra pas, ne devra pas mettre à ses plaisirs un prix que le pauvre ne peut atteindre ; et voilà un membre du barreau qui nous dit qu’une prisonnière n’obtiendra pas justice parce qu’elle a une femme de chambre étrangère.

— Une femme de chambre ! Mais donnez-lui n’importe quel nom, plutôt que celui-là, si vous désirez réussir. Une prisonnière accusée de crimes capitaux, avec une femme de chambre, serait sûre d’être condamnée. Même le Palais aurait peine à supporter cela.

— Timms, vous êtes un fin et rusé matois, et, tel que je vous connais depuis longtemps, vous êtes capable de rire dans votre barbe de toutes les folies de cette nature ; et vous insistez ici sur la plus grande de toutes les absurdités.

— Les choses sont changées en Amérique, monsieur Dunscomb. Le peuple commence à gouverner ; et quand il ne peut le faire légalement, il le fait sans la loi. Ne voyez-vous pas ce que les journaux disent sur la nécessité d’avoir des opéras et des théâtres à bas prix, avec le droit pour le peuple de siffler. Voilà une Constitution ! Je voudrais savoir ce que Kent et Blackstone diraient à cela.

— C’est vrai. Ils trouveraient une nouvelle physionomie à une liberté qui dit qu’un homme ne fixera pas le prix des places dans son propre théâtre, et qu’un auditoire des rues pourra siffler. Le fait est, Timms, que tous ces abus et le contrôle des actions d’autrui, sous prétexte que le public a des droits là où il n’en a pas du tout, vient de la réaction d’une demi-liberté dans les autres pays. Ici, où le peuple est réellement libre, ayant tout le pouvoir, et où nul droit politique n’est héréditaire, le peuple doit au moins respecter ses propres ordonnances.

— C’est étonnant, Esquire, combien il y a de personnes qui voient le côté faible de la démocratie sans avoir la moindre notion du côté fort. Mais, pendant tout ce temps, notre cliente est en prison à Biberry, et doit être jugée la semaine prochaine. Est-ce qu’il n’y a rien à faire, Esquire, pour effacer l’impression des journaux qui ont presque tous les jours quelque chose à dire