Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/115

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certains rapports entre eux dans les années qui suivirent ; mais l’élève s’était rendu utile à son premier maître dans une foule d’occasions, et était employé souvent par lui, toutes les fois qu’il y avait un procès dépendant de la cour de Dukes, comté dans lequel s’était fixé le praticien inculte, mais rude à la besogne et réussissant dans ses entreprises. On peut demander si Dunscomb connaissait réellement toutes les manigances de son coadjuteur dans les cas difficiles ; mais qu’il en fût instruit ou non, il est bien certain que la plupart d’entre elles n’étaient pas d’un caractère à voir le jour. Pour tout ce qui regarde les juges, il y a parmi eux une surprenante fidélité au devoir, quand il ne s’agit que de corruption, vu qu’il n’existe pas de classe d’hommes sur terre moins passible d’imputations de cette nature que ce corps innombrable des officiers judiciaires, mal payés, pauvres, travaillant fort, et nous devrions presque ajouter peu considérés, comme ils le sont. Il y a des cas de corruption, sans aucun doute ; prétendre le contraire serait avoir de la nature humaine une trop flatteuse opinion ; mais, avec le système de publicité en vigueur, ce vice ne pourrait facilement s’étendre loin sans être découvert. Cela fait grand honneur au vaste corps judiciaire des États que la corruption soit une faute qui semble ne lui être nullement imputée ; ou, s’il y a des exceptions à la règle, elles n’existent que dans quelques cas rares et isolés. Ici, toutefois, doivent cesser nos éloges sur la justice en Amérique. Toutes les révélations de Timms, toutes les assertions de Dunscomb touchant le jury, sont de la plus pure vérité, et le mal croît de jour en jour. La tendance de tout ce qui tient au gouvernement est de jeter le pouvoir directement dans les mains du peuple, qui, dans presque tous les cas, s’en sert comme on peut supposer que le font des hommes entièrement irresponsables, et qui n’ont à son exercice qu’un intérêt éloigné, et la moitié du temps invisible ; qui ne sentent ni ne comprennent les conséquences de leurs actes, et se font un plaisir d’assumer un semblant d’indépendance tout en agissant souvent pour leur compte. Sous un tel régime, il est évident que les principes et la loi doivent souffrir ; c’est ce que les résultats prouvent chaque jour, sinon à chaque heure.