Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/243

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CHAPITRE XIX.


Ainsi que je le crois, si la faute est légère,
On pourrait pardonner.

L’Orphelin.



La preuve la plus sûre qu’on puisse donner de l’élévation des principes peut-être, mais certainement de la noblesse de l’éducation, c’est d’avoir du dégoût pour d’injurieux commérages. Chez la femme, sujette comme elle l’est sans contredit par son éducation, ses habitudes, sa remuante curiosité, à l’influence de ce défaut, ses effets sont déplorables, ils conduisent à des torts infinis dont le principal est une fausse appréciation de nous-mêmes ; mais quand l’homme se laisse aller à ce vil penchant, il devient aussi méprisable que corrompu. Une longue observation nous a appris que les plus répréhensibles aux yeux du monde sont les plus prompts à trouver des travers dans les autres ; les bons, étant modestes, ne se mêlent pas de scandale et n’en font pas métier.

Ce vice, renfermé dans ses limites naturelles, les cercles de société, est déjà dangereux et lâche ; mais quand il se mêle à l’administration de la justice, il devient à sa façon un tyran aussi injurieux et effréné que celui qui jouait de la cithare au milieu de Rome en flammes ; nous ne voulons pas exagérer ces maux de l’état de société dans lequel nous vivons, mais un examen consciencieux de la vérité amènera tout observateur à gémir sur la manière dont ce pouvoir, sous le masque de l’opinion publique, pénètre dans toutes les avenues de la justice, corrompant, pervertissant, et souvent détruisant son action bienfaisante.

Biberry offrait un exemple frappant de la justesse de ces remarques, le matin du jour où Marie Monson devait être jugée. La fenêtre de la prison avait sa foule ; et quoique l’arrangement des rideaux et d’autres moyens d’isolement défiassent tout à fait la maligne curiosité, les assistants ne purent déguiser les senti-