Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/250

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venir. À la fin, Dunscomb, mettant un terme à cette pause étrange, leva la tête, la figure encore pâle et agitée. Son œil immédiatement chercha celui de Millington.

— Vous aviez entendu cette histoire, Michel ? demanda le conseiller.

— Oui, Monsieur. John et moi nous avons essayé d’en rechercher l’origine.

— Avez-vous réussi ?

— Pas le moins du monde. Elle court dans toutes les bouches, mais personne ne sait d’où elle vient.

— Avez-vous remarqué le rapport qui m’a frappé, qui m’a abattu ?

— J’en fus également frappé du moment que j’en fus instruit ; car les faits ont une conformité singulière avec ceux que vous m’avez communiqués il y a quelques mois.

— C’est vrai ; il en résulte une forte probabilité qu’il y a dans cette rumeur plus de vérité qu’on n’en trouve d’ordinaire dans de semblables bruits. Qu’est devenu Timms ?

— Le voici, Esquire, répondit le digne praticien du fond de la pièce de devant ; je viens de dépêcher mon clerc avec un message à un de mes hommes. Il le trouvera, et sera ici dans une minute.

Pendant ce temps, Timms avait un mot dire à chacun de ses clients, et il s’en débarrassa en disant simplement à chaque individu à son tour qu’il n’y avait pas l’ombre d’un doute qu’il triompherait de son adversaire. On peut dire ici, pour prouver combien un prophète légal peut se tromper, que Timms fut consécutivement battu dans chacun de ces trois procès, au grand désappointement d’un aussi grand nombre de laboureurs, qui tous comptaient tout à fait sur le succès, d’après les rassurantes promesses qu’ils avaient reçues.

Quelques minutes après, l’agent attendu par Timms apparut au bureau. Il avait une bonne figure, d’une écorce assez rude et honnête, mais avec un clignement d’yeux des plus fins et des plus roués. Timms l’introduisit sous le nom de M. Johnson.

— Eh bien, Johnson, quelles nouvelles ? demanda Timms. Ce