Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/255

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que, M. Wilmeter et vous, vous avez porté à ma cause, et je vous remercie tous deux du fond de mon cœur. Ah ! je n’ai jamais été ingrate !…

Un torrent de larmes, pour la première fois depuis son emprisonnement, s’échappa des yeux de cet être extraordinaire. Pendant quelques minutes, elle devint femme dans toute l’acception du mot. Durant cet intervalle, Dunscomb se retira, voyant qu’il ne pouvait rien obtenir de sa cliente, pendant qu’elle pleurait d’une manière presque convulsive, et sachant qu’il avait quelques dispositions à prendre avant la réunion de la Cour. Du reste, il s’éloigna tout à fait rassuré sur un point très-important ; lui et Millington marchaient ensemble vers le palais, la tête penchée l’un contre l’autre, et la voix réduite presque à un simple chuchotement.





CHAPITRE XX.


De paraître, Caton, devant toi, je rougis,
Je suis confus. — Pourquoi ? quel est ton crime ? dis ?
— Je suis Numide.

Caton.



Une demi-heure après cette conversation, la cloche du palais sonna, et la foule se précipita vers le bâtiment, afin de s’assurer des places pour le procès. Tout ce que nous avons rapporté dans le chapitre précédent se passa entre six et neuf heures du matin ; car c’est « une des mœurs du jour » dans la voie du progrès, d’imprimer à l’administration de la justice une vitesse équivalente à celle des chemins de fer. Beaucoup de juges aujourd’hui se rendent à leur ouvrage à huit heures du matin (presque tous le font dans leurs tournées), et continuent d’appeler des causes jusqu’à neuf et dix heures du soir, éclairant la justice du pays au moyen d’agents à moitié endormis, et stupides de fatigue.

Nous avons dit que toute espèce de dignité a été bannie des cours d’York, si l’on en excepte celle qui se manifeste dans le caractère même de ses devoirs et dans la manière dont on les