Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/272

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femme douce et vraiment femme. Soyez-en convaincu, il n’y a pas de bonheur avec une autre.

— Les femmes ont leurs goûts et leurs caprices, et comme nous-mêmes, Monsieur, elles aiment à les satisfaire.

— Tout cela peut être vrai, mais évitez ce qu’on appelle une femme d’un esprit indépendant. Ordinairement ce sont des démons incarnés. S’il leur arrive de joindre l’indépendance pécuniaire à l’indépendance morale, je ne suis pas sûr que leur tyrannie ne soit pas pire que celle de Néron. Une femme tyrannique est pire qu’un homme tyrannique, parce qu’elle a du penchant à être capricieuse. Ce sera tour à tour feu ou glace ; une fois elle donnera, le moment après elle reprendra ses dons ; aujourd’hui, c’est la femme dévouée et soumise, demain, c’est la maîtresse absolue. Non, non, Jack, épousez une femme, c’est-à-dire une douce, une bonne, une affectueuse, une prévenante créature, dont le cœur soit si plein de vous qu’il n’y ait pas de place pour elle. Épousez une jeune fille comme Anna Updyke, si vous pouvez l’obtenir.

— Je vous remercie, Monsieur, répondit John en rougissant. L’avis est bon, je le crois, et je ne l’oublierai pas. Que penseriez-vous d’une personne comme Marie Monson pour femme ?

Dunscomb regarda son neveu d’un air distrait, comme si ses pensées s’égaraient au loin, et son menton tomba sur son sein. Cette rêverie dura une minute, avant que le jeune homme eût une réponse.

— Marie Monson est mariée, et, je le crains, elle fait une mauvaise épouse, reprit le conseiller. Si elle est la femme que je soupçonne, son histoire, toute courte qu’elle est, est des plus lamentables. John, vous êtes le fils de ma sœur, et mon héritier. Vous m’êtes plus rapproché que tout être humain, en un sens, quoique j’aime certainement Sarah autant que vous, sinon un peu plus. Ces liens du sentiment sont autant de chaînes dans notre nature. J’aimais votre mère avec la tendresse d’un père pour son enfant ; ou, si vous voulez, d’un amour de frère, d’un amour de frère pour une sœur jeune, bonne et gentille, et je crus que je n’aimerais jamais personne autant qu’Élisabeth.