Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/401

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L’époque fixée pour la visite du jeune ménage arriva enfin. Désireux de voir autour de lui des visages joyeux, Dunscomb avait réuni à Rattletrap Mildred, les Mac-Brain et les Millington ; la bonne mistress Gott n’avait pas été oubliée, et le hasard amena Timms à la grille, au moment où toute la société, y compris John et sa gentille compagne, était assise à déjeuner. Le conseiller accueillit avec bonté son agent toujours prêt à tout faire ; car l’habitude nous rend moins difficiles dans nos relations qu’on ne se l’imagine d’ordinaire.

Timms se perdit eu compliments adressés au jeune couple, et spirituels à sa manière.

— Que dites-vous de Williams qui se marie, esquire Dunscomb ? demanda l’avocat. Voilà un homme bâti pour le mariage ! lui qui regarde les femmes et les nègres comme des êtres inférieurs.

— Et vous, Timms, de grâce, comment les regardez-vous ?

— Vous ne rangez que les femmes dans cette catégorie, je suppose ? Oh ! non, en vérité, Esquire, bien loin de là. Je suis plein de respect pour les dames, sans lesquelles nous serions dans cette vie…

— Garçons, voulez-vous dire ; n’est-ce pas ? Oui, c’est une remarque des plus judicieuses ; sans les femmes, nous serions à jamais de vieux garçons. Mais, Timms, le moment est venu d’être franc avec vous. Il est possible que Mildred de Larocheforte s’arrange pour obtenir un divorce au moyen de quelque finesse de la loi ; mais dût-elle être déclarée libre, au son des trompettes, elle ne vous épouserait jamais, vous.

— Vous êtes mordant avec moi ce matin, Monsieur ; il n’y a que la personne intéressée qui puisse dire cela.

— Vous êtes dans l’erreur. Je le sais, et je suis prêt à vous donner les raisons de ce que j’avance.

— J’aimerais à les entendre, Monsieur. Je respecte toujours votre puissance de raisonnement, quoiqu’à mon avis nul homme ne puisse dire qui une femme épousera ou n’épousera pas.

— D’abord, elle ne vous aime pas. C’est là une raison suffisante, Timms.