Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/101

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— Un des camarades, sorti de la ville par permission, vient de rentrer, et il a rapporté que quelques officiers de l’armée avaient dîné près de là, Votre Honneur, et qu’à la nuit tombante ils étaient montés à cheval, et avaient commencé à faire des patrouilles sur les routes dans cette direction. Il fut rencontré et questionné par quatre d’entre eux, au moment où il traversait la plaine.

— Tout ceci confirme mes conjectures, s’écria Lionel. Il est quelqu’un qui dans ce moment pourrait rendre de grands services. — Job ! — Où est donc l’idiot, Meriton ?

— On est venu le demander, Monsieur, il n’y a qu’une minute, et il a quitté la maison.

— Eh bien ! envoyez-moi M. Sage, continua le jeune homme qui paraissait réfléchir tout en donnant cet ordre.

Un instant après on vint lui dire que Seth avait également disparu.

— Sans doute, dit Lionel, la curiosité l’a conduit aux casernes, où vos devoirs vous appellent, Messieurs. J’ai quelques ordres à donner, et je vous y rejoindrai dans une heure ; il est impossible que vous vous mettiez en marche plus tôt.

Chacun fit alors ses préparatifs de départ : Lionel jeta son manteau entre les mains de Meriton, auquel il donna ses ordres, et priant ses hôtes de l’excuser, il sortit avec la précipitation de quelqu’un qui voyait qu’il n’y avait pas un instant à perdre en vaines réflexions. Mac-Fuse commença à s’équiper avec le phlegme d’un soldat qui a trop de service pour se laisser aisément déconcerter. Néanmoins, malgré tout son sang-froid, la patience manqua de lui échapper lorsqu’il entendit Polwarth répéter, pour la quatrième fois, l’injonction expresse de mettre de côté certaines viandes auxquelles il paraissait encore tenir, quoique la fortune l’obligeât à s’en séparer.

— Allons, allons, homme, s’écria l’Irlandais, pourquoi, à la veille d’une marche, vous embarrasser de tous ces détails d’épicurien ? C’est le soldat qui doit donner à vos ermites et à vos anachorètes l’exemple de la mortification. D’ailleurs ce soin tardif de vous faire mettre de côté des provisions est d’autant moins excusable de votre part, que vous saviez très-bien que nous devions partir ce soir même pour une expédition secrète.

— Moi ! s’écria Polwarth ; par l’espoir que j’ai de faire encore un repas semblable, je vous jure que j’ignorais autant que le der-