Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/177

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pour affaiblir les lignes des ennemis, que les deux péninsules dont nous avons si souvent parlé. La distance qui les séparait n’était que de trois cents toises, et les eaux profondes et navigables dont elles étaient presque entièrement entourées, rendaient facile au général de l’armée royale de se procurer, en quelque temps que ce fût, l’assistance des vaisseaux de la flotte qui tiraient le plus d’eau, pour défendre l’un ou l’autre point. Avec de pareils avantages, l’armée anglaise entendit donner avec plaisir des ordres qui semblaient indiquer un mouvement prochain vers la rive opposée.

Trois mois s’étaient presque écoulés depuis le commencement des hostilités, et l’on s’était encore borné, de part et d’autre, aux préparatifs de guerre dont nous venons de parler, si l’on en excepte une ou deux escarmouches assez vives qui avaient eu lieu sur des îles du havre, entre les fourrageurs de l’armée royale et des détachements américains, et les colons ne démentirent pas dans ces rencontres la réputation de courage qu’ils avaient déjà acquise.

La gaité était revenue à Boston, à la suite des régiments arrivés d’Angleterre, quoique ceux des habitants qui étaient forcés à y rester, malgré leur inclination, maintinssent dans leur conduite une froide réserve qui repoussait les efforts que faisaient les officiers pour les attirer à leurs fêtes. Il y avait pourtant un petit nombre de colons qui, s’étant laissé gagner par des promesses, de l’argent et des places, avaient abandonné la cause de leur pays, et comme quelques-uns en avaient déjà été récompensés par des emplois qui leur donnaient accès auprès du gouverneur, on jugeait qu’ils avaient sur lui une malheureuse influence, et que, par leurs conseils pernicieux, ils empoisonnaient son esprit, et l’excitaient à des actes d’injustice et de tyrannie qu’il aurait condamnés lui-même s’il eût été libre de ne consulter que ses opinions et ses inclinations ordinaires.

Quelques jours après l’affaire de Lexington, une assemblée générale des habitants de Boston fut convoquée, et il fut convenu solennellement entre eux et le gouverneur que ceux qui voudraient remettre leurs armes auraient la liberté de sortir de la ville, et que ceux qui préféreraient y rester seraient protégés dans leur demeure. La plupart remirent leurs armes ; mais la partie de la convention relative à la faculté qu’ils devaient avoir de quit-