Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/396

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de guerre échangés par les sentinelles. Leur conducteur se dirigea alors vers une église solitaire dont il leur fit remarquer l’architecture, extraordinaire parce qu’elle était régulière.

— Ici, du moins, dit-il en passant devant ces murs, Dieu règne dans son temple sans y être insulté.

Lionel et Cécile jetèrent un coup d’œil sur ces murs silencieux, et suivirent Ralph dans un enclos qui y touchait, en passant par une brèche pratiquée dans une haie qui le formait. Là Lionel s’arrêta de nouveau.

— Je n’irai pas plus loin que vous ne m’ayez satisfait, dit-il ; et, sans y penser, il fortifiait cette déclaration en appuyant le pied sur un monticule de terre gelée, dans une attitude de résistance. Il est temps que je cesse de songer à moi-même, et que je pense à la faiblesse de celle que je soutiens.

— Ne pensez pas à moi, cher Lincoln ! je…

Cécile fut interrompue par le vieillard qui, ôtant son chapeau d’un air grave et exposant ses cheveux gris aux rayons de la lune, dit d’une voix que son émotion rendait tremblante :

— Ta tâche est terminée ; tu as atteint l’endroit où reposent les restes de celle qui t’a portée dans son sein : jeune homme irréfléchi, ton pied sacrilège foule les cendres de ta mère.



CHAPITRE XXXII.


Ah ! la vieillesse a des jours pénibles et des nuits de douleur et d’insomnies ! Ô toi, heureux printemps de la vie, pourquoi ne peux-tu revenir ?
Burns



Le silence qui succéda à cette déclaration imprévue fut semblable à celui dont étaient frappés les êtres jadis animés qui reposaient autour d’eux. Lionel frémissant fit un pas en arrière, et, imitant le vieillard, il se découvrit la tête par respect pour sa mère, dont les traits se présentaient encore à son imagination, comme les souvenirs imparfaite de l’enfance, ou ceux qui restent de quel-