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port que leur faisaient leurs compagnons de ce qu’ils avaient vu. Après quelques minutes de conversation, qui ne fut pas tumultueuse comme celle qui avait suivi leur arrivée, ils se remirent en marche ; le bruit de leurs mouvements s’affaiblit et s’éloigna peu à peu, et enfin il se perdit dans les profondeurs de la forêt.

Le chasseur attendit pourtant qu’un signal de Chingachgook l’eût assuré qu’il n’existait plus aucun danger, et alors il dit à Uncas de conduire les chevaux sur la clairière, et à Heyward d’aider ses compagnes à y monter. Ces ordres furent exécutés sur-le-champ ; on se mit en marche. Les deux sœurs jetèrent un dernier regard sur le bâtiment ruiné qu’elles venaient de quitter, et sur la sépulture des Mohawks, et la petite troupe rentra dans la forêt du côté opposé à celui par lequel elle était arrivée.


CHAPITRE XIV


— Qui va là ?

— Paysans, pauvres gens de France.

ShakspeareHenri VI.


Nos voyageurs sortirent de la clairière, et entrèrent dans les bois dans un profond silence, dont la prudence faisait sentir à chacun d’eux la nécessité. Le chasseur reprit son poste à l’avant-garde comme auparavant ; mais même quand ils furent à une distance qui les mettait à l’abri de toute crainte des ennemis, il marchait avec plus de lenteur et de circonspection que la soirée précédente, parce qu’il ne connaissait pas la partie du bois dans laquelle il avait cru devoir faire un circuit pour ne pas s’exposer à rencontrer les Hurons. Plus d’une fois il s’arrêta pour consulter ses compagnons, les deux Mohicans, leur faisant remarquer la position de la lune, celle de quelques étoiles, et examinant avec un soin tout particulier les écorces des arbres et la mousse qui les couvrait.

Pendant ces courtes haltes, Heyward et les deux sœurs écoutaient avec une attention que la crainte que leur inspiraient leurs