Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 5, 1839.djvu/328

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David avaient certainement produit sur lui l’effet que nous venons de rapporter.

Il est inutile de parler de la manière adroite avec laquelle Œil-de-Faucon tira tous ces détails du bon David ; nous ne dirons même rien des instructions qu’il lui donna ; nos lecteurs en verront le résultat se développer avant la fin du présent chapitre.

La cabane dans laquelle Uncas était gardé était précisément au centre des autres habitations, et dans une situation qui rendait très difficile d’en approcher ou de s’en éloigner sans être aperçu. Mais le chasseur n’avait pas dessein de s’y introduire furtivement. Comptant sur son déguisement, et se sentant en état de jouer le rôle dont il se chargeait, il prit le chemin le plus direct pour se rendre vers cette hutte.

L’heure avancée de la nuit le favorisait mieux que toutes les précautions qu’il aurait pu prendre. Les enfants étaient ensevelis dans leur premier sommeil ; les Hurons et leurs femmes étaient rentrés dans leurs cabanes, et l’on ne voyait plus dans les environs des huttes que quatre ou cinq guerriers qui veillaient sur le prisonnier, et qui de temps en temps avançaient la tête à la porte de sa prison, pour voir si sa constance se démentait.

En voyant La Gamme s’avancer avec l’ours, qu’ils prenaient pour un de leurs jongleurs les plus distingués, ils les laissèrent passer sans opposition, mais sans montrer aucune intention de s’écarter de la porte. Au contraire, ils s’en approchèrent davantage, sans doute par curiosité de voir les simagrées mystérieuses qu’ils supposaient devoir être le résultat d’une pareille visite.

Œil-de-Faucon avait deux excellentes raisons pour garder le silence. D’abord il n’était pas en état de parler la langue des Hurons ; ensuite il avait à craindre qu’on ne reconnût que sa voix n’était pas celle du jongleur dont il portait le déguisement. Il avait donc prévenu David qu’il devait faire tous les frais de la conversation, et lui avait donné à ce sujet des avis détaillés dont celui-ci, malgré sa simplicité, profita mieux qu’on n’aurait pu l’espérer.

— Les Delawares sont des femmes, dit-il en s’adressant à celui qui entendait un peu l’anglais ; les Yengeese, mes concitoyens, ont été assez fous pour leur mettre le tomahawk à la main afin d’en frapper leur père du Canada, et ils ont oublié leur sexe. Mon frère ne serait-t-il pas charmé d’entendre le Cerf-Agile demander des