Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/116

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morale. Il était nécessaire qu’il parlât de doctrine, car rien autre chose n’aurait pu satisfaire des auditeurs attachés à la dialectique religieuse, et qui auraient regardé son silence à cet égard comme l’aveu indirect de la nature superficielle de la foi, ou de son incapacité pour la défendre. Car nous avons déjà dit qu’au milieu de la multiplicité des sectes dont les missionnaires errants parcouraient les nouveaux établissements, chacun d’eux ne songeait qu’à faire valoir les dogmes qu’il professait, et à dépriser ceux des autres ; or, se montrer insensible à cet objet intéressant, c’eût été risquer de ne faire aucune impression. Mais M. Grant sut fondre si heureusement les opinions universellement reçues par tous ceux qui portent le nom de chrétiens, avec les principes de l’Église dont il était membre, que personne ne put être entièrement à l’abri de son influence, et que très-peu prirent ombrage de ses innovations.

« — Quand nous considérons l’immense variété qu’offre le caractère des hommes, dit-il en terminant son sermon, et l’influence qu’exercent sur eux l’éducation, les circonstances, et la situation morale et physique des individus, peut-on être surpris que tant de croyances, si différentes en elles-mêmes, soient nées d’une religion révélée à la vérité, mais dont la révélation est obscurcie par le laps des siècles, et dont les doctrines, d’après l’usage des contrées où elles furent d’abord promulguées, furent souvent conçues en paraboles, et écrites dans une langue fertile en métaphores et chargée de figures ? Est-il surprenant que les ignorants ne soient pas d’accord dans des points sur lesquels les savants, dans la pureté de leur cœur, n’ont pu s’accorder ? Mais, heureusement pour nous, mes frères, le fleuve de l’amour divin coule d’une source trop pure pour que le cours en puisse être souillé ; elle promet à ceux qui se désaltèrent dans ses eaux vivifiantes la paix du juste et la vie éternelle ; s’il y a du mystère dans la manière dont elle opère, c’est le mystère d’une Divinité. Si nous pouvions comprendre clairement la nature, la puissance et tous les attributs de Dieu, nous pourrions éprouver de la conviction, mais il n’y aurait pas de foi. Si nous sommes requis de croire des doctrines qui ne semblent pas d’accord avec les suggestions de la raison humaine, n’oublions jamais que telle est la volonté d’une sagesse infinie. Il suffit qu’elle nous ait éclairés d’une lumière suffisante pour nous faire apercevoir le bon chemin, et pour guider