Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/16

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d’un millier de lacs et de fontaines, forment autant de ruisseaux qui serpentent dans les vallées, jusqu’à ce que, réunis, ils deviennent un des fleuves les plus majestueux dont les anciens États-Unis puissent s’enorgueillir. Les montagnes y sont presque toutes couvertes de terre labourable jusqu’à leur sommet, quoiqu’il s’en trouve un certain nombre dont les flancs sont hérissés de rocs, ce qui ne contribue pas peu à donner au pays un caractère éminemment pittoresque. Les vallées sont étroites, fertiles et bien cultivées, et chacune d’elles est uniformément arrosée par un ruisseau qui, descendant d’abord paisiblement sur la pente d’une hauteur, et traversant ensuite la plaine, va baigner le pied d’une montagne rivale. De beaux et florissants villages s’élèvent sur les bords des petits lacs ou sur les rives des ruisseaux, dans les endroits les plus favorables à l’établissement des manufactures. De jolies fermes, où tout annonce l’abondance et la prospérité, sont dispersées dans les vallées et même sur les montagnes. Des routes tracées dans tous les sens traversent les vallons, et s’élèvent même jusque sur les hauteurs les plus escarpées. À peine fait-on quelques milles dans ce pays varié sans rencontrer quelque académie[1] ou quelque autre établissement d’éducation ; et de nombreuses chapelles, consacrées à différents cultes, attestent les sentiments religieux et moraux des habitants de ce pays, ainsi que l’entière liberté de conscience dont on y jouit. En un mot, toute cette contrée prouve le parti qu’on peut tirer même d’un sol inégal situé sous un climat rigoureux, quand il est gouverné par des lois sages et douces, et que chacun sent qu’il a un intérêt direct à assurer la prospérité de la communauté dont il forme une partie distincte et indépendante. Aux premiers habitants (pioneers[2] qui défrichèrent ce terrain ont succédé aujourd’hui des colons ou cultivateurs qui adoptent sur les lieux un mode plus suivi de culture, et veulent que le sol qu’ils ont fertilisé serve

  1. Une académie (pension, institution) est une école publique, formant le second degré ou le degré intermédiaire dans l’instruction générale. Le premier degré est dans les écoles commune : (common schools), ou écoles gratuites, entretenues aux dépens de l’État. Dans les académies on paie ; mais les maîtres sont nommés par l’autorité. Les collèges ou universités, ou l’on dispute les grades, sont le troisième et le plus haut degré dans l’échelle de l’éducation.
  2. Pioneers, planteurs, auteurs des premiers travaux de défrichements : ce mot a un sens local qui nous force d’oublier celui qu’on y attache en français. Le mot de colons ou cultivateurs que nous conservons dans le même sens est destiné à désigner les cultivateurs actuels (yeomen).