l’exception de Richard, qui disait assez souvent : — Rien n’est plus naturel ; un métis ne se guérit pas plus aisément du penchant pour la vie sauvage que celui dans les veines de qui coule le sang indien sans mélange.
CHAPITRE XX.
ux approches du printemps, les énormes piles de neige qui,
par suite d’une accumulation constante, ainsi que des gelées et
des dégels qui s’étaient alternativement succédé, avaient acquis
une dureté qui menaçait de perpétuer leur durée, commencèrent
à céder à l’influence d’un vent plus doux et d’un soleil plus chaud.
Il y eut des instants où l’on crut voir les portes du ciel s’ouvrir,
l’air se charger de principes vivifiants, la nature animée et
inanimée s’éveiller, la gaieté du printemps briller dans tous les
yeux comme dans tous les champs. Mais bientôt les vents glacés
du nord répondaient de nouveau leur fatale influence sur cette
scène riante, et les nuages noirs et épais qui interceptaient les
rayons du soleil n’étaient pas plus sombres et plus froids que le
retour d’hiver qui arrêtait les progrès de la nature. Cette lutte
entre les saisons devint de jour en jour plus fréquente, et la terre,
victime de leurs débats, perdit l’aspect brillant que lui avait donné
l’hiver, sans se revêtir de la parure séduisante du printemps.
Plusieurs semaines se passèrent ainsi, et pendant ce temps les habitants, changeant graduellement de façon de vivre, abandonnèrent les habitudes sociales de l’hiver pour s’occuper des travaux qu’exigeait la saison qui s’approchait. On ne vit plus arriver dans le village des étrangers qui venaient visiter leurs connaissances ; le commerce, qui avait animé les boutiques pendant le froid, commença à disparaître ; les routes, nivelées par la neige et pavées par la gelée, se remplirent d’ornières et de fondrières,