Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/283

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balle se firent entendre à ses oreilles. Elle leva les yeux sur la panthère, et vit l’animal furieux se rouler sur la terre en bondissant encore, en se mordant la chair à l’endroit où la balle l’avait percé, et en poussant des cris de rage.

Au même instant, Bas-de-Cuir s’élança devant elle en criant à haute voix : — Ici, Hector ! ici, vieux fou ! C’est une bête à vie dure, et il ne faut pas s’y fier.

Malgré les mouvements violents de la panthère blessée, qui semblait toujours près de recouvrer ses forces et sa férocité, Natty resta intrépide devant miss Temple, rechargeant son fusil avec autant de promptitude que de sang-froid. S’approchant alors de l’animal furieux, il lui envoya une balle dans la tête, et l’étendit sans vie sur le carreau.

La mort de cet ennemi terrible permit à Élisabeth de respirer plus librement, et il lui sembla qu’elle sortait elle-même du tombeau. Natty, qui connaissait parfaitement tous les environs, alla chercher de l’eau dans son bonnet de peau de daim, et les soins de miss Temple eurent bientôt rendu à sa compagne l’usage de ses sens. Elle exprima ensuite sa reconnaissance à son libérateur avec une chaleur proportionnée au service qu’elle en avait reçue ; mais Bas-de-Cuir l’écouta avec une insouciance qui annonçait qu’il n’attachait pas un grand mérite à ce qu’il venait de faire pour elle.

— À la bonne heure, lui dit-il, à la bonne heure ; nous en parlerons une autre fois ; mais quand vous voudrez encore vous promener dans les bois, vous ferez bien de prendre M. Edwards pour compagnon. Quant à présent, il faut songer à regagner la route ; car vous avez eu assez peur pour désirer de vous retrouver chez votre père.

Il les conduisit jusqu’au chemin qui menait au village, et Louise ayant recouvré assez de forces pour marcher appuyée sur le bras de son amie, il les quitta et rentra dans la forêt pour regagner sa cabane. Il s’arrêta pourtant un moment, les regarda s’éloigner, et ce ne fut que lorsque les arbres les eurent dérobées à ses yeux qu’il se remit en route.

— Je ne m’étonne pas qu’elles aient eu peur, se dit-il à lui-même. La vue d’une panthère ayant son petit mort à côté d’elle ferait peur à des femmes moins jeunes ; C’est un animal qui a la vie dure : la première fois que j’en rencontrerai une, il faut que