Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/345

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vait, et, enhardi par sa présence, il eut de nouveau recours à ses poumons.

— J’aurai justice de cette insolence, s’écria-t-il, j’en aurai justice ! Je vous requiers d’arrêter cet homme, monsieur le shérif, et de le faire conduire en prison.

Richard, pendant ce temps, avait été mieux informé de ce qui s’était passé, et se tournant vers le majordome : — Comment se fait-il que vous soyez aux stocks, Benjamin, lui dit-il, vous que j’avais toujours regardé comme un homme aussi doux et aussi tranquille qu’un agneau ? Ne rougissez-vous pas d’une telle conduite ? Vous forcez vos amis à en rougir pour vous. Eh ! mon Dieu ! monsieur Hiram, vous n’êtes pas reconnaissable d’un côté de votre figure !

Hiram s’étant relevé et s’étant mis hors de portée de l’intendant, s’emportait en nouvelles menaces de vengeance. Le shérif, songeant à l’impartialité dont Marmaduke venait de donner une grande preuve dans la sentence qu’il avait prononcée contre Bas-de-Cuir, et à la publicité qu’avait eue la conduite de Benjamin, en tira la conclusion pénible qu’il devait envoyer son favori en prison, et il en donna l’ordre aux constables qui venaient retirer Natty du pilori, le temps que devait durer son exposition étant expiré. Le majordome ne fit d’abord aucune observation ; il ne demanda pas à offrir un cautionnement pour être mis en liberté, mais il suivit tranquillement le shérif, qui, accompagné de plusieurs constables, le conduisit, lui et Natty, jusqu’à la porte de la prison.

En y arrivant, il se tourna vers lui : — Squire Dickon, lui dit-il quant à avoir mon hamac placé pour une nuit ou deux à côté de celui de Bas-de-Cuir, c’est ce dont je me soucie fort peu, attendu que je le regarde comme un honnête homme, et qui entend aussi bien que qui que ce soit le maniement du fusil et du harpon. Mais en qualité de chrétien et d’homme de bon sens, je soutiens qu’au lieu de me punir d’avoir travaillé le visage de ce coquin de manière à le rendre méconnaissable d’un côté, comme vous le dites, vous devriez m’accorder double ration. C’est le plus grand vaurien de tout le pays. Je le connais depuis longtemps et je crois qu’il me connaît un peut aussi à présent, à moins que sa poupe ne soit de bois mort. Mais où est donc le grand mal, monsieur Jones, pour que vous preniez cette affaire tant à cœur ? C’est une bataille