Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/200

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de la troupe, dans les deux sacs dont il avait expulsé avec si peu de cérémonial les trésors du naturaliste, et fit place à Middleton, qui aida Inez à s’asseoir sur la selle, derrière laquelle une espèce de coussin en paille avait été préparé pour Hélène par le Trappeur.

— À votre tour, jeune fille, dit le vieillard à Hélène, en lui faisant signe de se mettre en croupe, tout en allongeant le cou en avant avec quelque inquiétude pour regarder dans la Prairie. Le maître du logis ne peut tarder à revenir au gîte, et il n’est pas homme à renoncer sans bruit à ce qui est une fois en sa possession, de quelque manière qu’il l’ait acquis.

— Vous avez raison, s’écria Middleton ; nous avons perdu des moments précieux, et nous avons le plus grand besoin de nous hâter.

— C’est ce que je pensais, répondit le Trappeur, et j’avais envie de vous le dire ; mais je me suis souvenu combien votre grand-père aimait à regarder celle qui devait être son épouse dans le temps de sa jeunesse et de son bonheur. — C’est la nature, la nature ; et il est plus sage de céder aux sentiments qu’elle inspire que de chercher à arrêter un torrent qui doit avoir son cours.

Hélène s’approcha de l’âne, et prenant la main d’Inez, elle lui dit du ton le plus affectueux en faisant de vains efforts pour maîtriser son émotion qui lui permettait à peine de s’exprimer :

— Adieu, ma chère dame ; j’espère que vous pardonnerez et que vous oublierez les torts de mon oncle.

La pauvre fille n’en put dire davantage, un torrent de larmes qu’il lui fut impossible de retenir lui ayant coupé la parole.

— Que veut dire cela ? s’écria Middleton ; ne m’avez-vous pas dit, Inez, que cette excellente jeune fille devait nous accompagner, et passer avec nous le reste de sa vie, ou du moins y rester jusqu’à ce qu’elle trouve quelque autre résidence plus agréable ?

— Je vous l’ai dit, et je l’espère encore, répondit Inez ; elle m’a toujours donné lieu de croire qu’après m’avoir montré tant de commisération et d’amitié dans mes malheurs, elle ne m’abandonnerait pas si un temps plus heureux arrivait.

— Je ne puis vous suivre, continua Hélène, surmontant sa faiblesse momentanée ; je ne le dois pas. Il a plu au ciel de me jeter au milieu de cette famille, et je ne dois pas la quitter. Ce serait ajouter une apparence de trahison à ce qui, dans son opinion, sera