Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/217

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fut conclu ? demanda tout à coup le jeune guerrier dont le visage cuivré s’enflammait en même temps d’indignation ; — doit-on vendre une nation comme la peau d’un castor ?

— C’est la vérité, vous avez raison. Et où étaient aussi la justice et l’honnêteté ? Mais la force fait le droit, suivant les usages de la terre, et ce que le fort veut faire, il faut que le faible le regarde comme juste. Pawnie, si la loi du Wahcondah était aussi bien suivie que les lois des Grands-Couteaux, vos droits aux Prairies seraient aussi bons que celui du plus grand chef des habitations à la maison qui le couvre.

— La peau du voyageur est blanche, dit le jeune Indien on appuyant d’un air expressif un doigt sur la main desséchée et ridée du vieillard, — son cœur dit-il une chose et sa langue une autre ?

— Le Wahcondah d’un homme blanc a des oreilles, et il les ferme quand il entend mentir. Regardez ma tête, elle est comme la cime d’un vieux pin flétri par les hivers, et doit bientôt se reposer sur la poussière. Pourquoi voudrais-je me trouver face à face avec le Grand-Esprit, pour le voir me froncer les sourcils ?

Le Pawnie rejeta avec grâce son bouclier sur une épaule, appuya une main sur sa poitrine, et inclina la tête comme par respect pour les cheveux blancs du Trappeur. Ses regards ne furent plus aussi vagues, et sa physionomie prit un caractère moins austère. Cependant sa vigilance ne s’endormit pas, et toutes ses manières annonçaient qu’il n’avait pas abjuré sa méfiance, quoiqu’elle cessât d’agir aussi fortement sur lui.

Quand cette espèce d’amitié équivoque fut établie entre le guerrier des Prairies et le vieux Trappeur, celui-ci donna ses instructions à Paul pour la halte qu’on se proposait de faire. Pendant que Middleton aidait Inez à descendre de son âne, et que Paul préparait un siège de feuilles pour Hélène, la conversation continua en dialecte indien entre le vieillard et le jeune sauvage, et en anglais entre les autres interlocuteurs.

C’était un combat d’adresse et de ruse entre le Pawnie et le Trappeur, chacun d’eux cherchant à découvrir quelles étaient les intentions de l’autre, sans vouloir montrer le désir qu’il avait d’en être instruit. Comme on doit s’y attendre quand deux antagonistes sont d’égale force, le résultat de cette lutte ne fut satis-