Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/237

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Paul exécuta cet ordre sur-le-champ, et le vieillard paraissant satisfait de cette précaution, s’approcha du bois pour faire une reconnaissance.

Le bruit qui avait accompagné le passage du troupeau de bisons avait cessé, ou pour mieux dire on ne l’entendait plus que faiblement, à la distance d’un mille. Le vent avait déjà entraîné les nuages de poussière, et rien ne gênait la vue dans l’endroit qui avait offert, dix minutes auparavant, une scène de confusion si étrange.

Les Sioux avaient déjà écorché leur victime, et, satisfaits de ce butin ajouté à celui qu’ils avaient sans doute déjà fait, ils ne semblaient pas songer à poursuivre le reste du troupeau. Une douzaine d’entre eux dépeçaient l’animal, sur lequel quelques buses balançaient leurs ailes pesantes, avec des yeux avides, et les autres couraient çà et là, comme s’ils eussent cherché dans la plaine quelque autre proie à la suite de ce vaste troupeau. Le Trappeur examina la taille et l’équipement de ceux de ces derniers qui étaient le plus près du petit bois, et il en fit remarquer un à Middleton, en le désignant sous le nom de Wencha.

— Maintenant, dit le vieillard en secouant la tête, nous savons non seulement qui ils sont, mais ce qu’ils veulent. Ils cherchent les traces d’Ismaël qu’ils ont perdues. Ces buffles se sont trouvés sur leur chemin et, tout en les classant, les chasseurs les ont amenés en vue du rocher habité par ceux qu’ils poursuivent. Voyez-vous ces buses qui attendent les entrailles du buffle qu’ils ont tué ? Il y a en cela une morale qui apprend la manière de vivre de la Prairie. Une troupe de Pawnies est aux aguets pour arrêter les Sioux, comme ces oiseaux attendent l’instant de fondre sur leur proie, et nous autres, comme des chrétiens qui avons tout à risquer, nous devons surveiller les uns et les autres. — Ah ! pourquoi ces deux coquins de rôdeurs s’arrêtent-ils tout à coup ? Sur ma foi, ils ont découvert l’endroit où le misérable fils d’Ismaël a perdu la vie.

Le vieillard ne se trompait pas. Wencha et un sauvage qui l’accompagnait étaient arrivés sur le lieu dont il a déjà été parlé, et qui présentait toutes les marques d’une lutte sanglante. Sans descendre de cheval, ils examinèrent ces signes bien connus avec l’intelligence habituelle qui caractérise les Indiens. Leur examen fut long, et parut accompagné de quelque méfiance. Enfin, tous deux poussèrent en même temps un grand cri presque aussi