— Ce n’est ni plus ni moins que le cuir d’un buffle, dit le Trappeur, qui n’avait pas compris le commentaire de Paul mieux que le texte du docteur. Le poil étant en dessous, le feu a coulé par dessus, attendu que l’animal étant frais tué, la flamme n’a pu y trouver de prise. Il est possible qu’il y ait encore une portion de la chair sous cette peau.
— Soulevez-en un coin, vieux Trappeur, dit Paul du ton d’un homme qui venait de prouver qu’il avait le droit d’élever la voix dans le conseil ; s’il y reste une partie de bosse, elle doit être bien cuite, et nous ne serons pas fâchés d’en profiter.
Le vieillard rit de bon cœur de l’idée de son compagnon. Il poussa la peau avec le pied, et fut surpris de la voir remuer ; mais au même instant un guerrier indien, qu’elle cachait s’en débarrassa à la hâte, et se releva avec une rapidité qui prouvait qu’il regardait comme urgent de se montrer.
CHAPITRE XXIV.
n second coup d’œil suffit pour convaincre le Trappeur et ses
compagnons fort étonnée que le jeune Pawnie, qu’ils avaient déjà
rencontré, était l’individu qui se trouvait de nouveau devant eux.
La surprise occasionna d’abord un silence général, et l’on passa
plus d’une minute à se regarder mutuellement avec un air d’étonnement,
sinon de méfiance. L’étonnement du jeune guerrier semblait
pourtant moins vif, et avait plus de dignité que celui des
chrétiens dont il avait déjà fait la connaissance. Tandis que
Middleton et Paul sentaient se glisser dans leurs membres une
partie du tremblement qui agitait ceux des compagnes timides
placées en croupe derrière eux, l’œil étincelant de l’Indien passait
rapidement de l’un à l’autre, comme si les plus grands dangers
n’eussent pu le forcer à le baisser. Après avoir examiné à la hâte
toutes ces figures européennes, où se peignait une sorte de stupeur,
ses regards se fixèrent enfin, avec tout le calme de la fierté,
sur les traits également tranquilles du vieux Trappeur.