Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/296

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leur piste tout seul, et il a été obligé comme nous de se cacher dans les grandes herbes ; mais il m’a dit entre autres choses, mes amis, et j’ai été fâché de l’apprendre, que ce rusé Mahtoree, au lieu d’en venir aux coups avec le squatter, est devenu son ami, et que nous avons maintenant sur nos talons les deux lignées Rouge et Blanche, qui font le guet autour de ce cercle de feu, pour tomber sur nous si nous en sortons.

— Comment le sait-il ? demanda Middleton.

— Comment ? dites-vous.

— De quelle manière a-t-il appris tout cela ?

— De quelle manière ? croyez-vous qu’un espion indien ait besoin de journaux et de crieurs publics, comme dans les États, pour savoir ce qui se passe dans les Prairies ? nulle commère allant de maison en maison médire de son voisin ne peut répandre une nouvelle avec sa langue aussi vite que ces tribus peuvent faire savoir ce qu’elles ont appris par des signes et des moyens qu’elles connaissent seules. C’est là leur science, et, ce qui vaut encore mieux, c’est qu’elles l’acquièrent en plein air et non entre les quatre murs d’une école ; je vous réponds, capitaine, que ce qu’il dit est vrai.

— Quant à cela, j’en ferais serment, dit Paul ; cela est raisonnable, et par conséquent il faut que cela soit vrai.

— Vous pouvez le faire en conscience, mon ami, vous ne risquez rien ; il m’a dit ensuite que pour cette fois mes vieux yeux ne m’ont pas encore trompé, et que la rivière est à une demi-lieue d’ici dans la direction que je vous ai montrée. Vous voyez que le feu a à peu près fini son ouvrage de ce côté, et que la fumée couvre notre sentier ; il pense comme moi qu’il est à propos de noyer nos traces dans l’eau ; oui, il faut que nous placions cette rivière entre nous et les yeux des Sioux, et alors avec la grâce du ciel, sans oublier nos propres efforts, nous pouvons gagner le village des Loups.

— Les discours ne nous avanceront pas d’un pied, dit Middleton ; marchons !

Le vieillard y consentit, et l’on se prépara à se mettre en route ; le Pawnie jeta sur son épaule sa peau de buffle, et marcha en avant ; non sans retourner souvent la tête pour jeter un coup d’œil sur les charmes extraordinaires et inexplicables pour lui d’Inez, qui ne s’en apercevait pas.

Une heure suffit pour conduire les fugitifs sur les bords de cette