Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/304

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— Montez à cheval, s’écria le Trappeur dès qu’il les aperçut, montez à cheval, et sauvez celles qui ne peuvent compter que sur vous ; fuyez, et laissez-nous entre les mains, du Seigneur.

— Baissez la tête, vieux Trappeur, s’écria Paul ; enfoncez-vous tous les deux dans votre ruche. Ce démon de Teton est derrière vous ; baissez la tête, et faites place à une balle du Kentucky.

Le vieillard se retourna, et vit que Mahtoree, qui était à quelque distance en avant de ses compagnons, se trouvait en ligne presque droite avec la barque et le chasseur d’abeilles, qui le couchait déjà en joue ; il se baissa sur-le-champ. Le coup partit, le plomb passa sur sa tête pour atteindre son but plus éloigné ; mais l’œil du chef Teton n’était ni moins vif ni moins sûr que celui de son ennemi. Il se jeta à bas de cheval à l’instant qui précéda la détonation, et disparut sous l’eau. Le cheval, blessé à la tête, fit entendre un hennissement de terreur et, d’angoisse, et après quelques mouvements convulsifs fut emporté par le torrent, dont les eaux troubles se teignirent de son sang.

Mahtoree reparut bientôt sur la surface de l’eau, et voyant qu’il avait perdu son coursier, il nagea vigoureusement vers le plus voisin de ses guerriers, qui lui céda son cheval avec la déférence due à un guerrier si renommé. Cet incident jeta pourtant quelque confusion parmi les Dahcotahs, qui semblèrent attendre les ordres de leur chef avant de redoubler d’efforts pour gagner le rivage. Pendant ce temps les fugitifs y étaient arrivés, et se trouvaient réunis à leurs compagnons sur le bord de la rivière.

Les sauvages nageaient alors dans une sorte d’indécision, comme on voit souvent une troupe de pigeons voler avec confusion, quand la colombe qui la conduit a essuyé une décharge d’armes à feu ; et ils semblaient hésiter à avancer vers une rive qui se trouvait alors défendue d’une manière si formidable. La prudence bien connue des guerriers indiens l’emporta, et Mahtoree, averti par le risque qu’il venait de courir, reconduisit ses guerriers vers la rive qu’ils venaient de quitter, afin de calmer leurs chevaux, qui commençaient à se montrer indociles.

— Maintenant, montez à cheval avec vos jeunes amies, et courez vers cette colline, dit le Trappseur ; vous trouverez par derrière un autre courant d’eau dans lequel il nous faudra entrer : puis, vous tournant vers le soleil, vous en suivrez le lit pendant un mille, jusqu’à, ce que vous arriviez à une plaine haute et sablonneuse. Allons, montez vite ; ce jeune Pawnie et moi, ainsi que mon