flegmatique du vieillard dont la réponse était si peu rassurante, et il toussa deux ou trois fois pour chercher à faire bonne contenance et cacher la peur qui commençait à le galoper.
— Il me semble, vénérable chasseur, répondit-il, qu’en considérant la question sous ses différents points de vue, et qu’en admettant même la justesse de votre théorie, il serait beaucoup plus prudent de conclure que je ne suis nullement préparé à me mettre si brusquement en route, et qu’il faut avant tout chercher à gagner du temps.
— S’il en est ainsi, répondit le Trappeur impassible, j’agirai pour vous comme j’agirais pour moi-même, quoique, au train dont le temps commence à aller pour vous, je doive vous engager à pourvoir promptement à vos affaires, car il pourrait arriver que votre nom fût appelé dans un moment où vous seriez tout aussi peu préparé à y répondre qu’à présent.
Après lui avoir donné cet avis charitable, il se retira au bord du cercle, et se mit à réfléchir sur ce qu’il devait faire, avec ce singulier mélange de résolution et d’humilité qui le caractérisait, et qui provenait de l’énergie excessive de son caractère, tempérée par la soumission la plus complète à la volonté de la Providence.
CHAPITRE XXVIII.
es Sioux avaient attendu la fin du dialogue précédent avec
une patience admirable ; la plupart d’entre eux étaient contenus
par la crainte secrète que leur imposait le caractère mystérieux
d’Obed, tandis qu’un petit nombre de chefs plus éclairés profitaient
de cette occasion pour rassembler leurs idées et se préparer
aux débats, qui ne pouvaient manquer d’être très animés.
Mahtoree, qui n’éprouvait l’influence d’aucun de ces sentiments, était bien aise de montrer au Trappeur jusqu’où il portait la condescendance pour lui : et lorsque le vieillard discontinua la conversation, le chef jeta sur lui un regard expressif pour lui rappeler la patience avec laquelle il avait attendu qu’il eût fini.