Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/388

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raient avec le corps, les Sioux les poursuivaient pas à pas, et à la fin tous ceux de ces derniers qui étaient restés dans le couvert en sortirent à la fois, en poussant de grands cris, menaçant d’écraser leurs ennemis par la supériorité de leur nombre.

Le sort de Cœur-Dur et de ses compagnons, qui seraient tous morts plutôt que d’abandonner le corps d’un de leurs chefs, aurait été promptement décidé sans une intervention puissante et inespérée qui eut lieu tout à coup en leur faveur. Des cris de guerre partirent du petit bois qu’ils avaient sur la gauche, et ils furent suivis au même instant d’une décharge terrible de mousqueterie. Cinq à six Tetons tombèrent la tête la première dans l’agonie de la mort, et tous les bras des autres guerriers de leur nation restèrent suspendus, comme si la fondue, fendant le sein des nuages pour venir au secours des Pawnies, était tombée inopinément au milieu deux. Alors on vit paraître Ismaël et ses vigoureux fils, qui tombèrent sur leurs ci-devant alliés en fleur lançant des regards qui semblaient leur reprocher hautement leur perfidie.

C’en était trop pour le courage des Tetons. Plusieurs des plus intrépides de leurs chefs avaient succombé, et ceux qui restaient furent abandonnés à l’instant par la foule des guerriers. Mais ces braves déterminés ne prirent pas pour cela la fuite ; la chevelure sanglante de leur chef était pour eux un drapeau dont ils me pouvaient se décider à s’éloigner, et ils périrent noblement sans les coups des Pawnies, qui avaient repris courage. Une seconde décharge de la petite troupe du squatter acheva la victoire.

Les Sioux s’enfuyaient alors dans toutes les directions pour chercher les couverts plus éloignés avec le même empressement et la même ardeur qu’ils avaient montrés, quelques instants auparavant, à se plonger dans les rangs de leurs ennemis. Les Pawnies triomphants s’élancèrent à leur poursuite comme autant de limiers bien dressés et altérés de sang. De tous côtés on n’entendit que des cris de détresse ou de victoire. Quelques-uns des fuyards s’efforçaient d’emporter les corps de leurs guerriers restés sur le champ de bataille ; mais la vivacité de la poursuite les obligeait bien vite à abandonner les morts pour sauver les vivants. Parmi tous les efforts qui furent faits dans cette occasion pour préserver l’honneur des Sioux de la tache que, dans leurs idées particulières, ils attachaient à l’enlèvement de la chevelure d’un guerrier, il n’y en eut qu’un seul qui fut couronné du succès.

On a déjà vu qu’un chef s’était prononcé hautement contre tout