Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/403

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ce ne fût pour sa propre défense, ou après une provocation qu’il était impossible de souffrir, répondit Middleton ; j’avoue qu’il savait la mort de votre fils, car il m’a montré le petit bois où gisait le corps de la victime ; mais qu’il lui ait traîtreusement arraché la vie, son aveu seul pourrait me forcer à le croire.

— J’ai vécu longtemps, dit le Trappeur, instruit par le silence général qu’on attendait qu’il se justifiât lui-même d’une si affreuse imputation, et j’ai été témoin de bien du mal. J’ai vu les ours et les panthères bondissants se déchirer en se disputant le morceau qui avait été jeté dans leur chemin ; et j’ai vu des hommes qu’on appelait raisonnables lutter l’un contre l’autre jusqu’à la mort, afin que la folie humaine eût aussi son heure. Quant à moi, je puis dire, sans être taxé de présomption, que quoique ma main ait été souvent employée à combattre la perversité ou l’oppression, je n’ai jamais porté un coup dont je puisse avoir à rougir lorsque je paraîtrai devant un tribunal bien plus imposant que celui-ci.

— Si mon père a arraché la vie d’un homme de sa tribu, dit le jeune Pawnie que son œil perçant avait bientôt instruit de ce qui se passait en voyant la balle et l’expression variée de chaque physionomie ; qu’il se remette de lui-même entre les mains des amis du mort, comme un guerrier ; il est trop juste pour avoir besoin de liens qui le conduisent au lieu du jugement.

— Enfant, j’espère que vous me rendrez justice. Si j’avais fait la mauvaise action dont on m’accuse, j’aurais assez de courage pour venir offrir ma tête aux coups du châtiment, comme le fait tout bon et honnête homme à peau rouge.

Alors, calmant l’inquiétude de l’Indien par un regard qui l’assurait de son innocence, il se tourna vers ses autres auditeurs attentifs, et continua en anglais : — J’ai une courte histoire à raconter ; celui qui la croira, croira la vérité, et celui qui refusera de la croire, s’égarera lui-même, et égarera peut-être aussi les autres. Lorsque nous sûmes que votre camp renfermait une jeune dame qu’on retenait prisonnière malgré elle, nous nous mîmes tous en embuscade aux alentours, ami squatter, comme maintenant vous pouvez commencer à le soupçonner, n’ayant d’autre intention que de la remettre en liberté, comme elle a justement et naturellement droit de l’être. Comme j’étais un batteur d’estrade un peu plus expérimenté que les autres, tandis qu’ils restèrent cachés dans le couvert, je fus envoyé dans la plaine pour