Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/429

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— Tout sera fait ainsi que vous le désirez. Laissez-nous les peaux : nous ferons le marché pour vous, comme si c’était pour nous-mêmes.

— Merci, merci, capitaine : votre grand-père avait l’âme noble et généreuse, à tel point vraiment que ce peuple juste, les Delawares, l’avaient appelé la Main-Ouverte. Je voudrais être encore à présent ce que j’étais autrefois, afin de pouvoir envoyer à la jeune dame quelques fourrures délicates pour ses palatines et ses manteaux, seulement pour montrer que je sais rendre politesse pour politesse. Mais n’attendez plus pareille chose de ma part ; car je suis trop vieux pour m’embarquer dans des promesses. En tout cas, ce sera comme il plaira au Seigneur. À vous, je ne puis offrir rien autre chose, car je n’ai pas vécu si longtemps dans les déserts que je ne connaisse point les scrupules d’un gentilhomme.

— Écoutez, vieux Trappeur, s’écria le chasseur en frappant dans la main que le vieillard venait détendre, avec un bruit presque égal à celui d’un coup de fusil, j’ai tout juste deux choses à vous dire : la première, c’est que le capitaine vous a dit ma façon de penser mieux que je n’aurais pu le faire moi-même, et la seconde, c’est que si vous avez besoin d’une peau, soit pour votre service particulier, soit pour quelque échange, j’en ai une à votre service, et cette peau, c’est celle d’un certain Paul Hover.

Le vieillard lui rendit son serrement de main, et il ouvrit la bouche dans sa plus grande largeur, avec cette manière de rire sans bruit qui lui était habituelle.

— Nous n’auriez pu me serrer la main de cette manière, mon garçon, lui dit-il, lorsque les squaws des Tetons étaient autour de vous, leurs couteaux à la main. Ah ! vous êtes dans la fleur et dans la force de l’âge, et sur le chemin du bonheur, si vous prenez toujours l’honnêteté pour guide.

L’expression des traits du vieillard changea tout à coup, et il prit un air grave et sérieux. — Venez avec moi, mon enfant, ajouta-t-il en tirant le chasseur d’abeilles par un bouton de son habit, et en l’emmenant sur le rivage, tandis qu’il lui parlait tout bas d’un ton de confiance et d’amitié. — Il s’est dit bien des choses entre nous sur les plaisirs et les jouissances d’une vie passée dans les bois ou sur les frontières. Je ne prétends pas nier que tout ce que vous avez entendu ne soit parfaitement vrai : mais le même genre de vie ne convient pas à tous les caractères. Vous avez pris