Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/127

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sez faible pour ne pouvoir secouer tout-à-fait une sorte de sentiment superstitieux à ce sujet. Gertrude, ne seriez-vous pas charmée de revoir ce jeune homme ?

— Moi, madame ! s’écria son élève avec une sorte d’alarme ; pourquoi vous et moi désirerions-nous revoir un homme qui nous est tout-à-fait inconnu, un homme d’une condition si basse, l’expression est peut-être trop forte, — mais du moins un homme dont la compagnie ne paraît certainement pas tout-à-fait convenable à…

— À des dames bien nées, voulez-vous dire. Et quel motif vous porte à vous imaginer que ce jeune homme soit tellement au-dessous de nous ?

Lorsque la jeune personne répondit, Wilder trouva dans les intonations de sa voix une mélodie qui lui fit oublier ce qu’il y avait de peu flatteur pour lui dans sa réponse.

— Je ne porte sûrement pas mes idées de naissance et de dignité au même point que ma tante de Lacey, dit-elle en souriant mais j’oublierais une partie de vos propres leçons, ma chère Mrs Wyllys, si je ne sentais pas que l’éducation et les manières établissent une différence marquée dans nos opinions et dans notre caractère, pauvres mortels que nous sommes.

— C’est la vérité, ma chère enfant ; mais j’avoue que je n’ai vu ni entendu rien qui me fasse croire que le jeune homme dont nous parlons soit de basse naissance ou sans éducation. Au contraire, son langage et sa prononciation annonçaient un homme bien né, et son air ne démentait pas son langage ; il avait l’air de franchise et de simplicité qui appartient à sa profession. Mais vous n’êtes pas à apprendre que les jeunes gens des meilleures familles des provinces, et même du royaume, prennent souvent du service dans la marine.

— Mais ils sont officiers, et ce… cet individu portait le costume d’un marin ordinaire.

— Pas tout-à-fait ; l’étoffe en était plus fine, et la coupe annonçait plus de goût. — J’ai connu des amiraux qui en faisaient autant dans leurs momens de loisir. Les marins, même de haut rang, aiment quelquefois à se montrer sous l’habit de leur profession sans aucune des marques qui indiquent leur grade.

— Vous croyez donc que c’est un officier, — peut-être au service du roi ?

— Cela est possible, quoique le fait qu’il n’y a pas de croiseur