Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— Allez, allez, tout cela n’est que bavardage, une vision de votre vieux cerveau, dit Wilder froidement ; et moins on en dira, mieux vaudra. Pendant tout ce temps nous oublions notre unique affaire ; je suis à demi tenté de croire que vous cherchez ainsi à m’égarer en allumant un faux fanal, pour vous dispenser du service dont vous êtes déjà à demi payé.

Il y avait un air de satisfaction sur la physionomie du vieux marin pendant que Wilder parlait ainsi, et le jeune homme en aurait été frappé, s’il ne s’était levé en parlant pour se promener dans la petite chambre à grands pas et d’un air pensif.

— Eh bien ! en bien ! reprit le vieillard, cherchant à déguiser son contentement manifesté sous un air habituel d’égoïsme et de malice, je suis un vieux songeur, et j’ai souvent rêvé que je nageais dans la mer, tandis que j’étais amarré en sûreté sur la terre sèche. Je crois qu’il doit bientôt y avoir un compte à faire avec le diable, pour que chacun prenne sa part de ma pauvre carcasse, et que je reste capitaine de mon propre vaisseau. Maintenant, voyons les ordres de votre honneur.

Wilder revint s’asseoir, et se disposa à donner à son confédéré les instructions nécessaires pour qu’il pût démentir tout ce qu’il avait dit précédemment en faveur du navire prêt à mettre à la voile.


CHAPITRE XI.


« Cet homme est pourtant solvable ; — trois mille ducats, — je crois que je puis prendre son obligation. »
ShakspeareLe Marchand de Venise.


À mesure que le jour avançait, les apparences d’une bonne brise venaient plus fortes, et à mesure que le vent augmentait, on voyait le bâtiment marchand de Bristol annoncer de plus en plus son intention de quitter le port. Le départ d’un grand na-