Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’exception de celui où ils devraient être, et c’est peut-être le seul moment de leur vie où ils semblent ignorer l’usage des cordages qu’ils ont été si long-temps accoutumés à manier. Malgré ces délais impatientans et ces embarras d’usage, tous les étrangers qui se trouvaient à bord de la Royale Caroline se retirèrent successivement, un excepté, et Wilder put se livrer au plaisir qu’un marin seul peut apprécier, celui d’avoir un pont libre et un équipage en bon ordre.


CHAPITRE XII.


« Bien ! parlez aux marins ; prenez-vous-y adroitement, ou nous sommes sûrs d’échouer. »
Shakspeare. La Tempête.


Une bonne partie de la journée s’était écoulée pendant les scènes que nous venons de rapporter. La brise était arrivée et elle se soutenait, quoique sans être forte. Dès que Wilder se vit débarrassé des désœuvrés qui venaient de retourner sur le rivage et du consignataire affairé et important, il jeta les yeux autour de lui dans l’intention de se mettre sur-le-champ en possession de l’autorité à bord. Faisant venir le pilote, il lui communiqua ses intentions et se retira sur une partie du pont d’où il pût examiner à son aise toutes les parties du navire dont il avait le commandement depuis si peu d’instans, et réfléchir sur la situation extraordinaire et inattendue dans laquelle il se trouvait.

La Royale Caroline n’était pas sans avoir quelques droits au nom élevé qu’elle portait. C’était un bâtiment de cet heureux port qui réunit l’utile à l’agréable. La lettre du Corsaire disait qu’il passait pour être bon voilier, et son jeune et intelligent com-