Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/227

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quel côté il devait se diriger, et de quelle manière il devait guider les mouvemens de la machine qu’il gouvernait. Cependant il ne pouvait s’expliquer les évolutions extraordinaire du navire inconnu, qui semblait prévenir ses moindres changemens de manœuvre, plutôt que les suivre ; et ses espérances d’échapper à une surveillance si active étaient déjouées par une facilité dans les manœuvres, et une supériorité de voiles qui commençaient réellement à prendre, même à ses yeux éclairés, l’apparence d’une opération surnaturelle et inexplicable.

Tandis que notre aventurier était occupé des sombres réflexions que de telles impressions faisaient assez naturellement naître dans son esprit, le ciel et la mer commencèrent à présenter un autre aspect. La raie de lumière qui s’était montrée si long-temps le long de l’horizon oriental, comme si le rideau du firmament eût été entr’ouvert pour livrer passage aux vents, disparut tout à coup ; de lourdes masses d’épais nuages se ressemblèrent de ce côté, tandis que d’immenses volumes de vapeurs s’accumulaient sur les eaux, et semblaient confondre les deux élémens. De l’autre côté, un dais noir couvrait tout l’occident, et la vue se perdait dans une longue ceinture de sombre lumière. Le navire étranger flottait encore au milieu de ce brouillard brillant, mais de mauvais augure, quoiqu’il y eût des momens où l’ombre légère qu’il offrait aux yeux semblât se dissiper dans les airs.


CHAPITRE XVI.


« Encore une fois, que fautes-vous ici ? nous laisserons-nous submerger ? Avez-vous envie de faire un plongeon ? »
ShakspeareLa Tempête.


Notre aventurier vigilant ne ferma point les yeux à ces sinistres présages qu’il ne reconnaissait que trop bien. À peine l’atmosphère