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CHAPITRE XXI.


« C’est par malice qu’il nous donne ce conseil, pour nous empêcher de réussir dans notre métier. »
ShakspeareTimon d’Athènes.


Pendant toute cette journée, il n’y eut aucune variation dans le temps. La surface de l’océan était unie et brillante comme un miroir, bien que le mouvement lent, quoique assez sensible, des vagues, annonçât l’orage qui grondait au loin dans l’horizon. Depuis le moment où il quitta le pont, jusqu’à celui où le soleil plongea son disque obscurci dans la mer, celui qui savait si bien maintenir son autorité parmi les êtres indisciplinés auxquels il commandait ne se montra plus. Satisfait de sa victoire, il ne paraissait plus craindre que quelqu’un pût être assez hardi pour oser comploter le renversement de sa puissance. Cette confiance apparente en lui-même ne pouvait manquer de produire une impression favorable sur son équipage. Comme il n’y avait pas une faute qui ne fût découverte, pas une offense qui ne fût punie, les matelots tremblans croyaient qu’un œil, qu’ils n’apercevaient pas, était toujours fixé sur eux ; que toujours une main invisible était levée prête à frapper ou à récompenser. C’était par un semblable système d’énergie dans les momens critiques, et d’indulgence lorsque le joug de l’autorité aurait pu paraître trop pesant, que cet homme extraordinaire avait pendant si long-temps réussi à étouffer la trahison parmi les siens, comme à éviter les pièges et ses ennemis déclarés.

Cependant, lorsqu’on eut placé le quart pour la nuit et que le