Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bustiers. Peut-être sait-il aussi qu’il respire dans l’atmosphère de femmes paisibles et amies de la paix.

Mais le premier mouvement de surprise de l’objet de ses sarcasmes était passé, et ni la colère ne pouvait le porter à répliquer avec aigreur, ni la frayeur le faire descendre aux prières. Croisant les bras avec calme, Wilder répondit simplement :

— J’ai couru ce risque afin de délivrer l’océan d’un fléau qui a déjoué toutes les autres tentatives faites pour l’exterminer. Je savais à quoi je m’exposais, et le sort qui m’attend ne me fera pas trembler.

— Fort bien, monsieur, répliqua le Corsaire en frappant de nouveau le gong avec un doigt qui semblait avoir le poids de toute la force d’un géant. Que le nègre et son compagnon soient mis aux fers, et qu’il ne leur soit permis, sous aucun prétexte, d’avoir aucune communication de vive voix, ou par signes, avec l’autre vaisseau. — Après le départ de l’agent de ses punitions, qui était arrivé au premier son d’appel qu’il connaissait parfaitement, il se retourna vers l’être ferme et immobile qui se tenait debout devant lui. — Monsieur Wilder, continua-t-il, la société dans laquelle vous vous êtes si traîtreusement insinué est soumise à une loi qui vous condamnerait, vous et vos misérables complices, à être suspendus à la grande vergue à l’instant où votre perfidie serait connue de mes gens. Je n’ai qu’à ouvrir cette porte et à proclamer la nature de votre trahison, pour vous abandonner à la tendre merci de mon équipage.

— Vous n’en ferez rien ! non vous n’en ferez rien ! s’écria à son côté une voix qui fit vibrer tous ses nerfs. Vous avez rompu tous les liens qui attachent l’homme à ses semblables, mais la cruauté n’est pas un sentiment inné dans votre cœur. Au nom des souvenirs des temps les plus heureux de votre jeunesse, au nom de la tendresse et de la pitié qui veillèrent sur votre enfance, au nom de cet être puissant qui sait tout et qui ne souffre pas qu’on arrache impunément un cheveu à l’innocent, je vous conjure de bien réfléchir avant de vous exposer à une si terrible responsabilité. Non, vous ne serez pas si cruel, vous ne pourriez, vous n’oseriez l’être !

— Quel destin nous réservait-il, à moi et à mes compagnons, lorsqu’il conçut ce projet perfide ? demanda le Corsaire d’une voix rauque.

— Les lois de Dieu et celles des hommes sont pour lui, répon-