Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/406

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de repos, comme lorsqu’il l’avait quitté, les vergues de l’avant avaient été changées, et, le vent en gonflant les voiles, ce bâtiment majestueux commençait à se mouvoir sur les ondes, quoique avec lenteur. Il n’y avait pourtant dans ses manœuvres rien qui annonçât l’intention d’échapper à une poursuite. Au contraire, les voiles les plus hautes et les plus légères avaient été ferlées, et l’équipage s’occupait avec activité en ce moment à envoyer vers le pont les petits espars qui étaient absolument nécessaires pour étendre les voiles dont on aurait besoin pour faciliter la marche du navire. Wilder détourna les yeux de ce spectacle presque en frémissant, car il savait fort bien que ces préparatifs étaient ceux qu’ont coutume de faire des marins habiles, quand ils se préparent à un combat déterminé.

— Eh bien, dit Bignall d’un air mécontent, voilà votre courtisan ayant ses trois voiles de hunes déployées ainsi que celle de misaine, comme s’il avait déjà oublié qu’il doit dîner avec moi, et que son nom est à un bout de la liste des commandans, tandis que le mien est à l’autre ; mais je suppose que nous le verrons revenir en temps convenable, quand son appétit l’avertira que l’heure du dîner est arrivée. Il pourrait bien aussi arborer son pavillon en présence d’un officier qui a sur lui le rang d’ancienneté ; il ne dérogerait pas pour cela à sa noblesse. De par le ciel ! Harry Arche, il manie ses vergues à ravir ! Je vous garantis qu’il a sur son bord le fils de quelque brave homme qu’on lui a donné pour sévreuse sous la forme de premier lieutenant, et nous le verrons se donner de grands airs pendant tout le dîner, en nous disant : Comme mon vaisseau fait cette manœuvre ! — et. — Je ne souffre jamais cela sur mon bord. — N’est-ce pas cela ? Oui, oui, il a sous lui un excellent marin.

— Peu de personnes connaissent mieux notre profession que le capitaine de ce vaisseau, répondit Wilder.

— Comment diable ! vous lui avez donc donné quelques leçons sur ce sujet, monsieur Arche ? il a imité quelques-unes des manœuvres du Dard. Je pénètre un mystère aussi vite que tout autre.

— Je vous assure, capitaine Bignall, qu’on aurait grand tort de compter sur l’ignorance de cet homme extraordinaire.

— Oui, oui, je commence à deviner son caractère. Le jeune chien est un goguenard, il a voulu s’amuser aux dépens d’un ma-