Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/446

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nant tirez la corde, et remerciez le ciel de ce que les honnêtes gens sont à la place que vous devriez occuper, pendards que vous êtes.

— Finissons-en ! cria Nighthingale en accompagnant sa voix d’un coup aigu de son sifflet ; qu’ils prennent leur passe-port pour le ciel !

— Arrêtez ! s’écria l’aumônier saisissant heureusement la corde avant qu’elle eût accompli son fatal office ; au nom de celui dont le plus endurci de vous tous peut avoir besoin un jour d’implorer la merci, accordez encore une seule minute. Que veulent dire ces mots ? mes yeux ne me trompent-ils pas ? Arche de Lynn-Haven.

— Oui, oui, dit Richard, desserrant un peu la corde afin de parler plus librement, et transportant de sa boîte à sa bouche ce qui lui restait de tabac à mâcher : vous qui êtes un savant fieffé, il n’est pas étonnant que vous les ayez déchiffrés si aisément, quoiqu’ils aient été tracés par une main qui n’était pas très forte sur l’écriture.

— Mais d’où viennent ces mots ? et pourquoi ont-ils été tracés de cette manière en caractères indélébiles sur votre peau ? — Patience, hommes, monstres ! démons ! voudriez-vous envier à un homme qui va mourir même une minute de ce temps précieux qui nous devient si cher à nous tous, au moment où la vie va nous quitter ?

— Accordez encore une minute ! dit une voix sourde par derrière.

— D’où viennent ces mots, vous dis-je ? répéta l’aumônier.

— Ce n’est ni plus ni moins que la manière dont fut couchée sur le livre de loch une certaine circonstance qui maintenant ne sert plus à rien, attendu que ceux qu’elle concernait principalement vont partir pour leur dernière croisière. Le nègre a parlé du collier, mais alors il pensait que je pourrais rester au port, tandis qu’il naviguerait entre le ciel et la terre, pour chercher son dernier ancrage.

— Que dois-je croire ? s’écria la voix tremblante et étouffée de Mrs Wyllys. Ô Merton ! pourquoi ces questions ? mon désespoir était-il donc prophétique ? la nature fait-elle connaître si mystérieusement ses droits ?

— Calmez-vous, ma chère dame ; prenons garde de nous laisser abuser par de simples apparences. Arche de Lynn-Haven était le nom d’une propriété dans les îles appartenant à un de mes