Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/447

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meilleurs amis, et ce fut là que je reçus et que je mis à bord d’un vaisseau le précieux dépôt que vous confiâtes à mes soins, mais…

— Parlez, s’écria la dame en s’élançant vers Wilder dans une sorte de frénésie ; et, saisissant la corde qui, un instant auparavant, avait été serrée fortement autour de son cou, elle la détacha avec une adresse presque surnaturelle. Ce n’était donc pas le nom d’un vaisseau.

— D’un vaisseau ! non certainement. Mais pourquoi ces craintes, ces espérances ?

— Le collier ! le collier ! que parliez-vous de collier ?

— Oh ! ce n’est pas qu’il puisse servir à grand-chose à présent, répondit Fid qui suivit avec beaucoup de sang-froid l’exemple de Wilder, en profitant de ce que ses bras étaient libres pour ôter la corde qui lui ôtait la respiration, sans faire attention à un mouvement que plusieurs de ses bourreaux firent pour l’en empêcher, mais qui fut réprimé par un regard de leur chef ; — je vais commencer par me débarrasser de cette corde, parce qu’il n’est ni sûr ni décent, pour un ignorant comme moi, de s’embarquer sur une mer inconnue avant son officier. Le collier n’était tout bonnement que celui d’un chien, et on peut le voir sur le bras de Guinée, qui était, sous bien des rapports, un homme dont on pourrait chercher long-temps le pareil inutilement.

— Lisez, dit la gouvernante dont les yeux se couvraient d’un nuage ; lisez, ajouta-t-elle en montrant d’une main tremblante au ministre l’inscription qui était tracée sur la plaque.

— Grand Dieu ! qu’est-ce que je vois ! « Neptune, appartenant à Paul de Lacey ! »

Un cri perçant s’échappa des lèvres de la gouvernante ; ses mains s’élevèrent un instant vers le ciel, comme pour y porter le tribut de reconnaissance qui oppressait son cœur : puis, revenant à elle, elle pressa tendrement Wilder contre son sein, tandis qu’elle s’écriait avec l’accent irrésistible de la nature :

— Mon enfant ! mon enfant ! vous ne voudriez pas, vous n’oseriez pas arracher à une mère si long-temps malheureuse son unique enfant. Rendez-moi mon fils, mon noble fils ! et je fatiguerai le ciel de mes prières pour vous. Vous êtes braves, et vous ne sauriez être sourds à la voix de la pitié ; vous êtes des hommes qui avez toujours vécu en présence de la majesté de Dieu, et il est impossible que vous ne reconnaissiez pas ici sa main. Donnez--