Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/459

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encore être prononcé avec honneur ; mais, Wilder ! ajouta-t-il avec une énergie effrayante, Wilder !

Tous les yeux se tournèrent avidement sur lui. Sa main tenait un rouleau qui lui avait servi comme d’oreiller. Faisant un effort surnaturel, et se soulevant sur la litière, il le déploya tout à coup, et l’on vit flotter ce pavillon de l’indépendance, où brillaient les couleurs nationales sur un champ bleu, parsemé d’étoiles, tandis qu’un rayon de triomphe éclairait jusqu’aux moindres traits de sa figure comme aux plus beaux jours de son orgueil !

— Wilder ! répéta-t-il avec un sourire convulsif, nous triomphons !

À ces mots il retomba sans mouvement, l’expression du triomphe s’éteignant dans celle de la mort, comme un nuage obscurcit la brillante clarté du soleil[1].


fin du corsaire rouge.
  1. Marin avant d’être auteur, c’est avec un véritable amour que Cooper peint les scènes nautiques ; c’est avec le même charme qu’il entraîne son lecteur avec lui sur l’immense océan, après l’avoir guidé à travers ces steppes ou prairies des culture des déserts américains appelés si poétiquement par M. de Châteaubriand, Arabie verte. Ce charme, cet entraînement, cet intérêt sont si forts, qu’on se croit naturellement initié à ces termes techniques de la mer dont un lecteur de sang-froid pourrait trouver que M. Cooper abuse dans ce dernier ouvrage. En relisant le Corsaire Rouge, nous avons été plus d’une fois tentés d’expliquer par des notes certains de ces termes avec lesquels nous sommes peu familiers ; mais ces notes, pour être complètes, seraient trop nombreuses, et devraient être trop souvent répétées, car la mémoire sert mal dans une langue qu’on entend parler pour la première fois. Notre tâche consiste pour ainsi dire, dans ce commentaire, à éclaircir pour le lecteur les passages auxquels une allusion locale, ou une citation littéraire donnerait en français une étrangeté un peu obscure. Ici les compatriotes de l’auteur ne sont guère plus avancés que nous ; il faut se résigner à consulter soi-même son glossaire, et excuser le Traducteur comme l’Éditeur s’ils n’ont pas toujours trouvé l’équivalent de telle ou telle expression de la marine américaine, qui peut-être n’existe pas même dans l’anglais des marins d’Angleterre. — Éd.