Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Paresseux ou non, il est le premier à revenir de cette chasse si longue et si fatigante, dit Ruth en soupirant péniblement, et regrettant qu’il en fût ainsi. Va à la poterne et fais-le entrer, jeune fille ; j’ai ordonné qu’on fermât les verrous, car je n’aime pas que les portes soient ouvertes à cette heure dans une garnison défendue par des femmes. Je vais me hâter de retourner à la maison, et faire préparer tout ce qui est nécessaire pour le repas des chasseurs, car nous ne serons pas longtemps à voir le reste de la troupe.

Foi obéit avec une grande lenteur et une indifférence affectée. Au moment où elle atteignit la poterne, un homme descendait l’éminence, et se dirigeait vers le même point. Une minute plus tard l’effort qu’il fit pour entrer annonça son arrivée.

— Doucement, maître Dudley, dit la jeune fille enjouée qui tenait le verrou d’une main, quoique par malice elle ne voulût pas l’ouvrir. Nous savons que vous avez un bras puissant, et pourtant les palissades ne tomberont pas sous vos efforts. Il n’y a pas ici de Samson pour renverser les piliers sur notre tête. Peut-être ne sommes-nous pas disposées à donner entrée à ceux qui sont restés trop tard dehors.

— Ouvre la poterne, jeune fille, dit Ében Dudley ; ensuite, si tu as quelque chose à me dire, nous serons plus à notre aise pour la conversation.

— Il se pourrait que ta conversation fût plus agréable lorsqu’on l’entend d’un peu loin. Rends un compte exact de tes fautes pendant la journée, prudent Dudley, et je prendrai pitié de ta position. Mais de crainte que la faim ne t’ait fait perdre la mémoire, je vais t’aider à te rappeler les faits. La première de tes offenses est d’avoir laissé Reuben Ring tuer le cerf ; la seconde, d’en avoir réclamé la gloire, et la troisième est la mauvaise habitude que tu as d’écouter ta propre voix, ce qui fait que les animaux s’enfuient à ton approche, tant ce bruit leur est désagréable.

— Tes plaisanteries sont hors de saison, Foi ; je voudrais parler tout de suite au capitaine.

— Peut-être emploie-t-il assez bien son temps pour ne pas désirer une telle compagnie. Tu n’es pas le premier animal, il s’en faut, qui ait beuglé à la porte de Wish-ton-Wish.

— Quelqu’un est-il venu pendant la journée, Foi ? demanda le valet de ferme avec cet air d’intérêt naturel à un homme qui avait l’habitude de vivre dans une aussi grande solitude.