Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/132

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sité de faire un rapport quelconque sur les incidents de sa faction. Il jeta un regard scrutateur autour de lui, afin d’être certain que les faits ne viendraient pas démentir son témoignage ; puis il examina les serrures de la poterne ; enfin il gravit la montagne, et se présenta devant la famille. Le long intervalle de son absence avait en effet été rempli par des exercices spirituels et une conversation religieuse, ce qui empêcha qu’on s’aperçût du retard qu’avait mis la sentinelle à venir faire son rapport.

— Quelles nouvelles nous apportes-tu ? dit Content aussitôt qu’il aperçut Dudley. As-tu vu ou as-tu entendu quelque chose qui soit suspect ?

Avant de répondre, Dudley ne manqua pas d’étudier l’expression malicieuse d’une jeune fille qui était occupée à des soins de ménage, absolument en face de lui ; mais ne voyant sur son visage qu’un sourire un peu moqueur, il reprit courage et répondit :

— Ma faction a été paisible. Il n’y a aucune raison qui empêche la famille d’aller se livrer au repos. Mais des yeux vigilants comme ceux de Reuben Ring et les miens feront bien de rester ouverts jusqu’au matin, c’est tout ce qui est nécessaire.

Peut-être l’habitant des frontières se serait étendu plus longuement sur son empressement à passer le reste de la nuit pour veiller à la sûreté de ceux qui dormaient, si le regard malin de celle qui était si bien placée pour l’observer ne l’eût averti qu’une modeste prudence convenait à sa position.

— Cette alarme s’est heureusement passée, dit le Puritain en se levant. Nous allons maintenant nous livrer au repos avec une tranquille reconnaissance. Tes services ne seront pas oubliés, Dudley, car tu t’es exposé pour nous au danger.

— En effet, répondit Foi à voix basse ; et nous autres filles nous n’oublierons point la bonne volonté avec laquelle il abandonne les douceurs du sommeil afin de protéger les faibles.

— Ne parle pas de cette bagatelle, reprit Dudley avec précipitation. Il y a eu quelque erreur dans les sons que nous avons cru entendre ; mon opinion est maintenant que la conque n’a été touchée ce soir que par cet étranger.

— C’est une erreur qui se répète ! s’écria Content en se levant de son siège. Dans ce moment, un son faible se faisait entendre, comme celui qui avait annoncé le premier la visite de l’étranger.