Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/193

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dans le bois. Il salua cependant pour reconnaître l’allusion, et garda le silence.

— Si une femme pleure la mort temporelle de ceux qui ont perdu la vie en défendant, comme cela leur était permis, leur existence et leur demeure, ajouta Mark Heathcote en regardant une jeune fille placée près de lui, qu’elle se souvienne que depuis le commencement du monde ses jours étaient comptés, et qu’il ne tombe pas un moineau qui ne remplisse les vues de la Providence. Que l’accomplissement de ces choses nous rappelle plutôt la vanité de la vie, afin que nous puissions apprendre combien il est aisé de devenir immortel. Si le jeune homme a été renversé en apparence comme une herbe qui n’a pas encore atteint sa croissance, il a été renversé par la faux de celui qui sait le mieux à quelle époque il doit commencer la moisson qui est destinée à remplir ses greniers éternels. Un cœur qui était lié au sien, parce que le sexe le plus faible doit s’appuyer sur la force de l’homme, pleure sur sa chute ; mais que son chagrin soit mêlé de joie.

Un soupir convulsif s’échappa du sein d’une des jeunes filles qui était la fiancée d’un des morts, et pendant quelques instants le discours de Mark fut interrompu. Mais lorsque le silence fut rétabli, il continua, le sujet le conduisant par une transition naturelle à faire allusion à ses propres chagrins.

~ La mort n’est point une étrangère dans mon habitation, dit-il ; son dard porta un coup bien rude lorsqu’il frappa celle qui, comme les amis que nous avons perdus, était dans tout l’éclat de sa jeunesse, et au moment où son âme était dans la joie d’avoir donné naissance à un homme. Toi qui es assis au plus haut des cieux, ajouta-t-il en levant ses yeux secs vers les nuages, tu sais combien ce coup fut pénible, et tu as compté les efforts d’une âme oppressée. Le fardeau ne fut pas trouvé trop lourd pour être supporté. Le sacrifice n’était pas suffisant ; le monde s’emparait de nouveau de mon cœur. Tu nous avais donné une image de cet ange d’innocence et de grâces qui habite maintenant dans les cieux, et tu nous l’as retiré, afin que nous connaissions ton pouvoir ; nous nous courbons sous tes jugements ; si tu as appelé notre enfant dans le séjour du bonheur, elle est à toi, et nous ne devons pas nous plaindre. Mais si tu l’as laissée errante encore dans le pèlerinage de la vie, nous avons confiance en ta bonté ; elle est d’une race qui a longtemps souffert, et tu ne l’abandonneras pas à l’aveuglement des païens ; elle est à toi, entièrement