CHAPITRE XVIII.
ous avons déjà dit que l’heure à laquelle doit recommencer
l’action de notre histoire est celle du lever de l’aurore. La fraîcheur
ordinaire de la nuit, dans un pays couvert d’une immense
étendue de bois, était passée, et la chaleur d’une matinée d’été
faisait élever au-dessus des arbres les vapeurs légères qui flottaient
sur les prairies. Un nuage formé de ces vapeurs réunies se
dirigea vers le sommet d’une montagne éloignée qui semblait être
le rendez-vous général de tous les brouillards accumulés pendant
les heures de ténèbres qui venaient de s’écouler.
Quoique les couleurs vives dont le firmament se paraît du côté de l’orient annonçassent le prochain lever du soleil, cet astre n’était pas encore visible. Cependant un homme montait déjà une petite colline qui se trouvait sur la route, à peu de distance de l’entrée du village du côté du midi, et cet endroit commandait la vue de tous les objets décrits dans le chapitre précédent. Un mousquet appuyé sur son épaule gauche, la corne à poudre et la gibecière suspendues à son côté, et la petite valise qu’il portait sur son dos, indiquaient un individu qui revenait de la chasse ou de quelque autre excursion peut-être moins paisible. Il portait le costume ordinaire du temps et du pays, quoique un petit sabre, passé dans une ceinture qui lui serrait la taille, eût pu donner lieu à quelques observations. Sous tout autre rapport, il avait l’air d’un habitant du village qui avait eu occasion de quitter sa demeure pour quelque affaire de plaisir ou de devoir, mais qui n’avait pas exigé un grand sacrifice de temps.
Qu’on fût étranger ou habitant du pays, peu de personnes passaient jamais sur cette colline sans s’arrêter sur le sommet pour contempler le calme du groupe de maisons dont nous venons de