Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/229

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terrasse, au milieu du groupe dont nous avons déjà fait mention. L’enseigne est allé faire une reconnaissance cette nuit sur les montagnes avec quelques hommes d’élite ; et peut-être est-elle chargée de nous faire part de ce qu’ils peuvent avoir appris relativement aux traces inconnues qui ont été remarquées.

— Le pied lourd de Dudley aura à peine gravi la montagne qui forme nos limites, et où l’on dit qu’on a vu des traces de moccasins, dit un jeune homme dont tout l’extérieur annonçait l’agilité et la santé. À quoi bon faire des reconnaissances quand la fatigue du chef ne permet pas d’aller aussi loin qu’il le faudrait ?

— Si tu crois que ton jeune pied est en état de le disputer à celui d’Ében Dudley, tu pourras trouver l’occasion de reconnaître ton erreur avant que le danger de cette attaque des Indiens soit passé. Tu es trop volontaire et trop opiniâtre, Mark, pour qu’on te confie la conduite de détachements qui peuvent avoir à garantir la sûreté de tous ceux qui demeurent dans cette vallée.

Le jeune homme parut mécontent ; mais, craignant que son père ne s’en aperçût et qu’il ne regardât son humeur comme un manque de respect, il se tourna d’un autre côté, fronçant les sourcils, laissant ses yeux s’arrêter un instant sur une jeune fille, dont les joues étaient aussi vermeilles que l’horizon du côté de l’orient, et qui lui jeta un regard à la dérobée, d’un air timide, tout en s’occupant des préparatifs du déjeuner.

— Quelles nouvelles nous apportes-tu de l’enseigne du Whip-poor-Whill ? demanda Content à Foi dès qu’elle entra dans la cour ; Dudley est-il revenu des montagnes, ou quelque voyageur t’a-t-il appris des choses dont tu viens nous faire part ?

— Je n’ai pas vu mon mari depuis qu’il a ceint l’épée qui indique son grade, répondit Foi en arrivant sur la terrasse et en adressant un signe de tête à chacun de ceux qui s’y trouvaient ; et quant aux étrangers, quand l’horloge sonnera midi, il y aura un mois qu’il n’en est entré un seul chez moi. Mais je ne me plains pas de manquer de pratiques, car l’enseigne ne veut jamais quitter la maison pour aller travailler à la terre tant qu’il trouve quelqu’un disposé à lui remplir les oreilles des merveilles des anciens pays, ou même à lui conter les nouvelles des colonies.

— Foi, dit Ruth, tu parles bien légèrement d’un homme qui a droit à ton respect et à ton affection.

— L’affection due à un mari et le respect qu’il faut avoir pour un officier de la colonie, madame Heathcote, forment un fardeau