Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/283

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reculé autant que le permettait la plus forte tension des nerfs de celui qui le portait, lorsqu’un hurlement différent de ceux qui s’étaient élevés jusqu’alors se fit entendre. Au même moment les coups des deux combattants furent suspendus de nouveau, mais par un pouvoir d’une nature différente. Mark sentit des bras entourer ses membres avec une force suffisante pour l’embarrasser, sinon pour le réduire, et la voix bien connue de Whittal-Ring résonna à ses oreilles.

— Assassine les menteurs et les affamés visages pâles, dit-il, qui ne nous laissent d’autre nourriture que de l’air, d’autre boisson que de l’eau !

D’un autre côté, lorsque le chef se détourna avec colère pour frapper la main hardie qui arrêtait son bras, il vit à ses genoux une figure de femme, Marthe, dont les traits exprimaient le désespoir. Il détourna le coup mortel qu’un des gens de sa suite allait porter à la jeune suppliante, dit avec rapidité quelques mots dans son idiome maternel, et désigna d’un geste Mark, qui se défendait toujours avec courage. Les Indiens les plus voisins de cette scène se jetèrent sur le jeune homme déjà à demi vaincu ; un cri en rassembla une centaine sur le lieu ; un calme subit, presque aussi effrayant que le tumulte qui l’avait précédé, régna dans le verger. Il fut suivi de ce hurlement horrible et prolongé par lequel le guerrier des forêts américaines proclame sa victoire.

Avec la fin du tumulte dans le verger les cris de combat cessèrent dans toute la vallée. Bien que convaincus du succès de leurs ennemis, ceux qui défendaient le fort prévirent non seulement leur propre destruction, mais celle des êtres faibles qu’ils seraient obligés de confier à une force insuffisante, s’ils hasardaient une sortie à une telle distance des fortifications. Ils furent donc obligés de rester spectateurs inutiles d’un mal qu’ils ne pouvaient empêcher.