Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/292

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Le chef parlait avec calme, mais comme un homme habitué aux subtilités de la controverses suivant les usages du peuple auquel il appartenait.

— Dieu l’a décrété autrement, répondit Content ; il a conduit ses serviteurs jusqu’ici, afin que l’encens de sa louange s’élève du désert.

— Votre esprit est un méchant esprit, et vos oreilles ont été trompées. Le conseil qui dit à vos jeunes gens d’aller si loin n’était pas prononcé par la voix du Manitou ; il vient de la langue d’un esprit qui aime à voir le gibier rare et les squaws affamées. — Allez, vous suivez le moqueur, ou vos mains ne seraient pas aussi sombres.

— Je ne sais pas quelles injures ont pu être faites aux Wampanoags par des hommes d’un méchant esprit, car il y en a de tels, même dans la demeure des mieux disposés ; mais aucun mal n’a jamais été fait par ceux qui habitent dans ma maison. Un prix a été payé pour ces terres, et l’abondance de cette vallée est le résultat de beaucoup de fatigues et de travaux. Tu es un Wampanoag, et tu sais que les terres de chasse de ta tribu ont été regardées comme sacrées par mon peuple ; les barrières ne sont-elles pas encore où leurs mains les avaient placées, afin que même le sabot d’un cheval ne foulât pas le grain ; et lorsque l’Indien vint demander justice contre le bœuf qui avait marché sur ses terres, ne la lui a-t-on pas accordée ?

— Le daim ne goûte pas l’herbe à sa racine ; il se nourrit des feuilles des arbres ; il ne s’arrête pas pour manger ce qui se trouve sous ses pieds ; l’épervier regarde-t-il le mousquite ? son œil est trop grand, il peut voir un oiseau. Va… lorsque le daim a été tué, les Wampanoags renversent les barrières de leurs propres mains. Un rusé visage pâle a fait la barrière ; et si elle empêche le cheval d’entrer, elle empêche aussi l’Indien de sortir. Mais l’esprit d’un guerrier est trop grand, il ne veut point être parqué comme les animaux.

Un murmure de satisfaction se fit entend parmi les sauvages lorsque le chef proféra cette réponse.

— Le pays de ta tribu est bien éloigné, reprit : Content, et je ne veux pas prendre sur ma conscience de dire si l’on a consulté la justice ou l’injustice dans le partage des terres. Mais, dans cette vallée, a-t-on-jamais fait du tort à l’homme rouge ? Quand l’Indien a-t-il demandé de la nourriture, et ne l’a-t-il pas obtenue ? S’il a