Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/297

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pâles ; il fut captif pendant bien des lunes. Ils l’enfermèrent dans une cage comme une panthère apprivoisée ; c’était ici. La nouvelle de son malheur passa de la bouche des jeunes Yengeeses jusqu’aux chasseurs, et des chasseurs elle vint aux oreilles des Narragansetts. Mon peuple avait perdu son sachem, il vint le chercher. Metacom, l’enfant avait senti le pouvoir du Dieu des Yengeeses ; son esprit devenait faible, il pensait moins à la vengeance. L’ombre de son père ne venait plus pendant la nuit. Conanchet entendait de fréquentes conversations avec le dieu inconnu, et les paroles de ses ennemis étaient douces. Il chassa avec eux. Lorsqu’il trouva la trace de ses guerriers dans le bois, son esprit fut troublé, car il connaissait leurs desseins ; cependant il vit l’esprit de son père et attendit. Le cri de guerre fût proféré cette nuit-là. Beaucoup moururent, et les Narragansetts prirent des crânes. Tu vois cette hutte de pierre sur laquelle le feu a passé ; il y avait au-dessus une place construite avec ruse, et les hommes pâles s’y rendirent pour défendre leur vie ; mais le feu brilla, et leurs espérances furent renversées. L’âme de Conanchet fut émue à ce spectacle, car il y avait beaucoup d’honnêteté dans leurs cœurs ; quoique leur peau fût blanche, ils n’avaient pas assassiné son père. Mais on ne pouvait commander aux hommes, et ce lieu devint comme les charbons du lieu du conseil lorsqu’il est désert, tout fut réduit en cendres. Si l’esprit de Miantonimoh se réjouit, ce fut bien ; mais l’âme de son fils était oppressée. La faiblesses empara de lui, et il ne pensa plus à se vanter de ses exploits au poste de guerre.

— Ce feu effaça les taches de sang de la plaine des sachems.

— Il les effaça. Depuis ce temps, je n’ai plus vu la trace du sang de mon père. Des têtes à cheveux blancs et des enfants étaient au milieu de ce feu ; et lorsque le toit tomba, il ne resta plus rien que des charbons. Cependant ceux qui se trouvaient dans la maison consumée par les flammes sont encore ici.

L’attentif Metacom tressaillit, et jeta un regard rapide au milieu des ruines.

— Mon fils voit-il des esprits dans les airs ? demanda-t-il avec vivacité.

— Non, ils vivent. L’homme dont les cheveux sont blancs est celui qui communiquait si souvent avec son Dieu. Le plus âgé des chefs, qui portait des coups si fermes à nos jeunes gens, était alors aussi captif dans la