Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/32

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la colonie. Le seul quadrupède qui ait quitté son repaire pendant cette chasse est un daim qui n’avait que la peau sur les os, et la plus grande bataille se donna entre Whittal Ring, que voilà, et une bécasse qui le tint sous les armes la plus grande partie de l’après-midi.

— Ton histoire peut être vraie ; mais elle ne fait pas retrouver ce qui est perdu, et ne complète pas le nombre des moutons de ta mère. As-tu parcouru avec soin la clairière ? il n’y a pas longtemps que j’ai vu le troupeau paître de ce côté-la. Que tournes-tu ainsi dans tes doigts, Whittal, avec si peu de soin et d’économie ?

— Ce qui ferait une couverture d’hiver, s’il y en avait assez pour cela ; c’est de la laine, et de la laine qui vient de la cuisse du vieux Straight-Horus, où je ne connais plus le mouton qui donne la laine la plus longue et la plus rude dans le temps de la tonte.

— En vérité, cela paraît être un flocon de l’animal qui est perdu, s’écria l’autre jeune garçon ; il n’y a point dans tout le troupeau de mouton dont la laine soit si rude et si épaisse. Où avez-vous trouvé ce flocon, Whittal Ring ?

— Sur une branche d’épine : c’est un singulier fruit, mes maîtres, pour croître où de jeunes prunes devraient mûrir !

— Va, va, interrompit le vieillard, tu perds le temps en de vaines paroles ; va rentrer les troupeaux, Mark ; et toi, enfant, accomplis ton devoir avec moins de brusquerie. Nous devrions tous nous rappeler que la voix est donnée à l’homme, d’abord pour manifester à Dieu sa reconnaissance par des actions de grâces et des prières, ensuite pour communiquer aux autres les dons intellectuels qui lui ont été accordés, et qu’il est de notre devoir d’essayer à faire partager ; enfin pour déclarer ses besoins naturels et faire connaître ses goûts.

Après cet avis, qui avait probablement été dicté au Puritain par la conviction intérieure qu’il avait d’avoir permis qu’un nuage d’égoïsme obscurcir l’éclat de sa foi, la petite société se sépara. Le petit-fils du capitaine et le serviteur prirent chacun leur chemin vers les étables, tandis que le vieux Mark continuait la route qui menait à habitation. Il était assez tard pour rendre les précautions utiles ; cependant aucune crainte particulière n’invitait le vétéran à hâter son retour vers sa demeure protectrice et commode. Il avança donc lentement le long du sentier, s’arrêtant lorsque l’occasion s’en présentait pour regarder l’aspect de la