Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/383

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est naturel de croire qu’une ville florissante est établie très-près de l’endroit où Conanchet reçut la mort. Mais, malgré l’activité qui a fait changer d’aspect au pays, la vallée de cette légende a éprouvé peu d’altération. Le hameau est devenu un village ; les fermes semblent mieux cultivées ; les maisons sont plus spacieuses et plus commodes ; les églises sont au nombre de trois ; les forteresses, ou tout autre symbole de la crainte qu’inspiraient les sauvages, ont depuis longtemps disparu. Mais ce lieu est toujours solitaire, peu connu, et conserve une partie de ses charmes champêtres.

Un descendant de Mark et de Martha est aujourd’hui propriétaire du domaine où ont eu lieu une partie des événements de notre simple histoire. Le bâtiment qui fut la seconde habitation de ses ancêtres est encore en partie debout, quoique des agrandissements et des améliorations en aient beaucoup changé la forme. Les vergers, qui, en 1675, étaient jeunes et en plein rapport, sont maintenant vieux et sans produit. Leurs arbres ont donné une renommée à cette variété de fruits que le sol et le climat ont depuis fait connaître aux habitants. On les conserve parce qu’on sait que des scènes effrayantes eurent lieu sous leur ombrage, et que leur existence inspire un intérêt profond.

Les ruines de la première forteresse sont encore visibles. À leur pied est la dernière demeure de la famille Heathcote, dont les membres ont vécu dans leurs environs pendant près de deux siècles. Les tombes de ceux qui moururent à une époque plus rapprochée de nous se distinguent par des tablettes de marbre ; mais plus près des ruines il y en a plusieurs à demi cachées par l’herbe, et recouvertes de la pierre grossière du pays.

Une personne qui trouvait de l’intérêt dans les souvenirs de ces jours depuis longtemps passés, eut occasion, il y a peu d’années, de visiter ce lieu. Elle voulut découvrir la naissance et la mort des générations entières par les inscriptions des monuments prétentieux de ceux qui avaient été enterrés dans le dernier siècle. Au-delà de cette époque les recherches devinrent difficiles et pénibles ; mais le zèle de cette personne ne pouvait être aisément découragé.

Sur chaque petite éminence il y avait une pierre, et sur chaque pierre une inscription à peine lisible. On supposa, par la grandeur de la seule tombe qui en était dépourvue, qu’elle contenait les restes de ceux qui périrent dans la nuit de l’incendie. Il y en