Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/54

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— Va, tu n’es point habituée à être aussi longtemps hors de ton lit, ma pauvre Ruth ; le sommeil t’aura surprise lorsque tu étais en faction, quelque nuage aura laissé son ombre sur les champs, ou peut-être il se peut que la chasse n’ait pas conduit les animaux sauvages aussi loin de la clairière que nous le pensons. Mais puisque tu veux rester près de moi, prends la bride du cheval, pendant que je vais le débarrasser de son fardeau.

Tandis que Content procédait tranquillement à la tâche dont il venait de parler, les pensées de sa femme furent un instant distraites de son inquiétude par l’objet qui était étendu sur la croupe du cheval, et qui, jusqu’à ce moment, avait entièrement échappé à son observation.

— Voilà en vérité, s’écria-t-elle, l’animal qui manquait aujourd’hui à notre troupeau.

Dans ce moment un mouton mort tombait lourdement sur la terre.

— Et tué avec adresse, sinon tout à fait à notre manière. On ne manquera pas de mouton à la fête de la récolte des noix, et celui qui est dans la bergerie, et dont les jours étaient comptés, vivra encore une autre saison.

— Où as-tu trouvé cette bête égorgée ?

— Sur une branche. Eben Dudley, avec tout son talent comme boucher, et l’éloge qu’il fait de sa viande, ne pourrait avoir laissé un animal pendu à la branche d’un jeune arbre avec une plus grande connaissance de son métier. Tu vois qu’il ne manque qu’un seul morceau, et que la toison est intacte.

— Ce n’est pas là l’ouvrage d’un Pequot ! s’écria Ruth étonnée de cette découverte : les Peaux Rouges fonde mal avec moins de soin.

— Ce n’est pas non plus la dent d’un loup qui a ouvert les veines du pauvre Straight-Horns. Il y a eu de la réflexion dans la manière de le tuer, aussi bien que de la prudence. Celui dont la main coupe si légèrement avait l’intention de lui faire une seconde visite.

— Et c’est notre père qui t’a envoyé chercher ce pauvre animal dans le lieu où tu l’as trouvé ! Mon mari, je crains qu’une punition sévère pour les fautes des pères ne retombe sur les enfants.

— Les enfants dorment tranquillement dans leur lit ; et jusqu’ici ce n’est pas un grand tort qui nous a été fait. Je vais ôter la corde à l’animal qui est dans la bergerie, avant d’aller me