Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/73

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rines. Pendant un moment ses lèvres furent contractées, puis elles tremblèrent et s’ouvrirent. Un son lent, étouffé, un son plaintif (la mère alarmée fut obligée elle-même d’en convenir) en sortit, et il répéta tristement.

— Miantonimoh !

Ce mot fut prononcé d’une voix distincte, mais avec un accent guttural.

— Cet enfant pleure ses parents, s’écria la sensible mère ; la main qui tua le guerrier peut avoir fait une mauvaise action.

— Je vois le doigt sage et prévoyant de la Providence dans tout ceci, dit le vieux Mark Heathcote d’un air solennel ; l’enfant a été privé d’un parent qui aurait pu le plonger plus avant encore dans les ténèbres du paganisme, et il a été conduit ici afin d’être mis dans la voie droite. Il vivra parmi nous, et nous essaierons de faire pénétrer une instruction religieuse dans son esprit. Qu’il soit nourri également des choses spirituelles et des choses temporelles. Qui sait ce qui lui est réservé !

S’il y avait plus de foi que de raison dans cette conclusion du Puritain, du moins personne n’essaya de le contredire. Tandis qu’on interrogeait l’Indien dans l’habitation, on faisait une recherche minutieuse dans les bâtiments extérieurs et dans les champs des environs. Ceux qui remplissaient cette tâche revinrent bientôt dire qu’il n’y avait pas la plus petite trace d’une embûche ; et, comme le captif était sans armes, Ruth elle-même commença à croire que les espérances mystérieuses de son père n’étaient pas entièrement illusoires. Le prisonnier avait pris un repas, et le vieux Mark Heathcote était sur le point de commencer la tâche qu’il s’était imposée avec tant de joie, par des remerciements en forme de prières, lorsque Whittal Ring entra subitement, et rompit la solennité de ces préparatifs en s’écriant de toute sa force :

— Qu’on prenne les faux et les faucilles ; il y a bien longtemps que les champs de Wish-ton-Wish n’avaient été foulés par des cavaliers en jaquette de buffle, ou espionnés par le rampant Wampanoag !

— Le danger est venu, s’écria Ruth alarmée ; mon mari, les pressentiments étaient justes.

— Voilà en effet des cavaliers galopant dans la forêt, dit Content ; ils s’avancent vers l’habitation ; mais ce sont, suivant toutes les apparences, des hommes de notre espèce et de notre foi ; nous