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CHAPITRE VI.


Mais, avec votre permission, je suis un officier de l’État, et je viens pour m’entendre avec vous.
ShakspeareCoriolan.



Malgré le regard scrutateur que l’agent de la couronne fixait alors sans contrainte sur le propriétaire de Wish-ton-Wish tandis que ce dernier lisait l’ordre qu’il avait sous les yeux, il lui était impossible de découvrir le moindre signe d’embarras sur les traits calmes du vieillard. Mark Heathcote maîtrisait depuis trop longtemps ses passions pour permettre que l’expression de son visage pût jamais trahir sa pensée, et il avait naturellement trop de force pour s’alarmer à l’apparence du danger. Présentant le parchemin à l’étranger, il dit à son fils avec la plus grande fermeté :

— Il faut ouvrir toutes les portes de Wish-ton-Wish. Voici un homme investi des pouvoirs du roi et peut-être de tous les secrets des habitations de la colonie.

Alors, se tournant avec dignité vers l’agent de la couronne, le vieillard ajouta : — Tu devrais commencer ton devoir de bonne heure, car nous sommes un grand nombre, et nous occupons un grand espace.

Le visage de l’étranger se couvrit d’une légère rougeur. Cette rougeur était-elle causée par la honte de la tâche qu’il avait acceptée ; ou par le ressentiment de cette manière indirecte de lui annoncer qu’on désirait être débarrassé le plus tôt possible de sa présence ? Cependant il ne montra aucune intention de se relâcher de la sévérité de ses ordres. Au contraire, rejetant ces manières réservées que la ruse, probablement, lui avait conseillé de prendre tandis qu’il sondait les opinions d’un homme si rigide, il montra subitement une humeur qui eût mieux convenu aux goûts de celui qu’il servait.

— Venez alors, dit le chef à ses compagnons en leur jetant un regard d’intelligence ; puisque les portes nous sont ouvertes, nous ferions peu d’honneur à notre politesse si nous refusions d’entrer. Le capitaine Heathcote a été soldat, et il sait comment excuser la liberté d’un voyageur. Je pense que celui qui a goûté